Archives de catégorie : Archives nationales

MM. Caujolle et Fougeray au juge Martin, le 19 septembre 1944

Source : A.N. Z 6NL 9

(…) La ventilation du chiffre d’affaires réalisé par la Société des Usines Renault au cours des années 1940 à 1943 s’établirait, en l’état des premiers renseignements (1)… :

Secteur allemand 1940 1941 1942 1943
camions 218.571.000 851.784.000 1.124.652.000 670.669.000
Pièces de rechange auto 20.595.000 141.790.000 116.709.000 257.251.000
Pièces mécaniques 2.909.000 96.138.000 209.355.000 191.133.000
Réquisition, réparation et divers 9.337.000 97.269.000 89.235.000 100.179.000
  251.412.000 1.186.981.000 1.539.951.000 1.219.232.000
Secteur français 1.909.814.000 377.243.000 344.591.000 340.551.000
Ventes à l’export. (sauf Allemagne) 27.069.000 31.797.000 22.382.000 3.255.000
  2.188.295.000 1.596.021.000 1.906.924.000 1.563.038.000

Le chiffre d’affaires ci-dessus indiqué pour le secteur civil français, année 1940, correspondait essentiellement à la période antérieure à l’Armistice.

Les chiffres d’affaires totaux réalisés pendant les années 1938 et 1939 (année au cours de laquelle la production aurait été affectée par la mobilisation et la transformation des fabrications, ressortent à 1. 877.461.000 et à 2.384.402.000 frs.

Nous croyons devoir signaler à toutes fins, qu’il conviendrait pour interpréter les chiffres ci-dessus, de tenir compte de la hausse des prix ; il nous a été indiqué, par exemple, que les prix de vente des camions AHN de 3 T 5, série sur laquelle on principalement porté les livraisons faites aux autorités allemandes, sont passés de 59.400 en 1939 à FRS : 165.000, en 1944.

Le nombre des camions de divers modèles livrés aux autorités allemandes pour la période de juillet 1940-juillet 1944 s’établit, d’après des états statistiques figurant dans les archives de la Sociétés, ainsi qu’il suit :

1940 : 2.545

1941 : 11.456

1942 : 12.070

1943 : 5.011

1944 : 2.438

(…soit un total de 33 520, ndr).

(1). On remarquera que l’addition du secteur français et de l’exportation ne correspond pas toujours au total indiqué ; il en va de même pour le secteur allemand. Les experts ont peut-être jugé utile de ne mentionner que les postes les plus importants des deux secteurs considérés.

Note de Me Ribet, 23 septembre 1944

Source : A.N. Z 6NL 9

Note déposée par Me Ribet au nom de

Son client M. Renault le 23 septembre 1944

Pour juger de l’activité des usines Renault après l’Armistice, il convient de rappeler brièvement l’effort accompli par ces usines pendant la guerre 1939-1940.

Dès le 2 septembre 1939, les usines Renault eurent naturellement l’ambition de redevenir le plus rapidement possible ce qu’elles avaient été pendant la guerre de 1914-1918, c’est-à-dire le premier arsenal de la France.

L’effort de nos usines c’est alors traduit par une augmentation continue et incessante de nos effectifs ouvriers portés de 12.700 – chiffre auquel il était tombé à la mobilisation – à 27.000 à fin mai 1940.

Pendant cette période, nous avons transformé nos installations pour les adapter aux fabrications nouvelles, étudié et construit les outillages nécessaires, mis au point des méthodes de fabrication, et, au mois de Mai 1940, nous enregistrions les résultats suivants, dans une production mensuelle, correspondant à une activité dont nous n’avions encore jamais réalisé l’équivalent dans le passé :

Production du mois de Mai 1940 :

Parmi les matériaux principaux

– 2434 camions de toute puissance, depuis la voiture sanitaire jusqu’au camion citerne de 10.000 litres en passant par le camion transport de troupe dont certains exemplaires équipent encore actuellement la Division Leclerc.

– 498 engins blindés, depuis la chenillette d’infanterie jusqu’au char B1 de 30 T., en passant par le char moyen R.40.

– 303 moteurs d’avion

– 77 groupes essences ou diesels fournis à des entreprises travaillant pour la Défense Nationale.

– 740 voitures de tourisme dont la plus grande partie pour l’Armée.

En outre, les Usines étaient parvenus à produire par jour :

– 10.000 empennages de grenade

– 4000 mines d’infanterie (tôlerie)

– 4000 grenades (corps)

– et un tonnage important de tôle-abri (etc…)

(La suite de la note fait le point sur la question des chars, sur les sabotages, les détournements de matières, la politique vis-à-vis des commandes allemandes, etc. Exemple : en juillet 1944, une unité de la Division des SS Gotz von Berlichingen partie de Paris avec 200 camions A.H.N. sortant de l’usine est arrivée à Touars avec 7 camions seulement, les 193 autres étant en panne. Les résistants de l’O.C.M. des usines utiliseront le même exemple dans leur note de 1944, ndr).

Note Pour Monsieur le SECRETAIRE GENERAL à L’Industrie et au Commerce Intérieur, 23 septembre 1942

Source : A.N. F12 9974

Secrétariat d’Etat                                                                              Etat Français

A la Production Industrielle                                                           Paris, le 23 septembre 1942

Cabinet du Secrétariat d’Etat

Note

Pour Monsieur le SECRETAIRE GENERAL à

L’Industrie et au Commerce Intérieur

J’ai l’honneur de vous faire connaître que j’ai reçu, en l’absence du Ministre, la visite de M. KUMMER et de M. de l’EPINE.

Au cours de cet entretien, M. KUMMER m’a exposé que les services allemands demandent aux Etablissements Renault de construire, dans leur usine du Mans, un nouvel atelier pour la fabrication de maillons de chenilles.

M. Kummer doit aller prochainement en Allemagne pour obtenir les bons-matières nécessaires à cette construction.

Mais il désirerait que de son côté le Gouvernement français fît un geste symbolique en fournissant une part du contingent de matières nécessaires à cette construction. La participation lui semble justifiée par l’accroissement durable du potentiel industriel qui résulterait de la construction de ce nouvel atelier

M. BICHELONNE vous prie de bien vouloir examiner avec M. de PEYRECAVE l’intérêt que peut présenter, du point de vue de l’industrie française, la construction demandée par les autorités allemandes, et de lui soumettre une décision.

J’ai joint à la présente note divers documents qui ont été remis en communication à M. de l’EPINE, qui s’est borné, au cours de cet entretien, à faire observer que le C.O.A. ne pourrait fournir le contingent demandé sur les quantité qui lui sont normalement allouées.

Le Chef de Cabinet

Calan

Nous, Jacques Perez y Jorba Commissaire de Police de la Ville de Paris

Source : A.N. Z 6NL 9

Préfecture de Police…                                         Nous, Jacques Perez y Jorba

                                                                       Commissaire de Police de la Ville de Paris…

Pour faire suite à la commission rogatoire en date du 2 octobre 1944… Avons mandé le sieur Renault de la Templerie Ludovic, Marie, 77 ans, né le 25 novembre 1868 à Paris, 10°, sans profession et demeurant 35 rue de la Faisanderie, qui dépose, serment préalablement prêté :

“Je ne suis parent ni allié, ni ami de l’industriel Renault. Je ne le connais pas personnellement, mais je suis très lié avec le père de M. François Lehideux, qui a été ministre. Il était administrateur délégué de la société des Automobiles Renault et il a justement donné sa démission pour ne pas travailler pour les Allemands.

Lorsque j’ai vu que François Lehideux, qui est un homme très propre et très bien, avait été arrêté et que M. Renault qui avait travaillé pour les Allemands a été laissé en liberté j’ai écrit la lettre que vous avez en votre possession, pour signaler le cas de Renault.

Je ne sais rien de l’affaire Renault. Je sais que le bruit a couru à l’Automobile Club que Renault avait touché, après le bombardement de ses usines une somme de 500 millions à titre de dédommagement et que par la suite il aurait en outre touché 200 millions pour prendre des commandes allemandes.

Je ne puis donner d’autres renseignements”.

Lecture faite persiste et signe

Renault de la Templerie                  Le Commissaire de Police

Ordonnance du juge Martin du 29 septembre 1944

Source : A.N. Z 6NL 9

(…) Commettons MM. Les docteurs Heuyer, Genil-Perrin et Abely, médecins experts au tribunal de la Seine à l’effet de… procéder à l’examen mental de l’inculpé Renault Louis et dire :

1°) Si sa responsabilité est entière, atténuée ou inexistante. Préciser le cas échéant les anomalies psychiques ou mentales qui sont de nature à atténuer sa responsabilité ou à faire considérer l’inculpé comme en état de démence au sens de l’art. 64 du code pénal à l’époque des faits qui lui sont reprochés.

2°) si l’inculpé doit, au cas où il serait reconnu en état (de) démence, être interné (…)