Dès la Libération, des membres du parti communiste et de la SFIO portèrent des accusations graves contre le P-DG des usines Renault, René de Peyrecave, fustigeant l’attitude de ce dernier vis-à-vis du personnel de l’entreprise sous l’Occupation. Jean Morvan (SFIO) et Edmond Le Garrec (PCF – CGT), respectivement président et secrétaire du comité d’épuration des usines Renault, déclarèrent en effet que René de Peyrecave avait donné des instructions pour communiquer le fichier du personnel réclamé par la police allemande à la suite de la cessation du travail du 11 novembre 1943. Dès le 19 septembre 1944, Georges Cogniot [1] affirmait dans les colonnes de L’Humanité, que René de Peyrecave « mouchardait en personne à la Gestapo tous les ouvriers suspects» [2].
Dans le cadre de l’instruction menée contre René de Peyrecave à la Libération, instruction qui devait aboutir à un non-lieu, les experts mandatés par le juge tentèrent de faire le point sur cette question dans le volumineux rapport qu’ils remirent au tribunal de la Seine en octobre 1945. Nous publions in extenso le passage concernant l’arrêt de travail du 11 novembre 1943, afin que chacun puisse se faire une idée à partir des sources et des témoignages dont disposait la Justice après la libération du territoire. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que la date du 11 novembre avait une valeur hautement symbolique et que les Allemands n’étaient nullement disposés à tolérer une manifestation de patriotisme qui s’exprima, non seulement chez Renault, mais dans un grand nombre d’entreprises à travers toute la France. Alors qu’au printemps 1943, le mécontentement ouvrier se cristallisait sur la question des salaires, les manifestations du 11 novembre eurent un caractère exclusivement politique [3].
Extrait du Rapport Caujolle et Fougeray du 23 octobre 1945, pp. 556-568.
« c) Nous indiquons d’autre part que MM. Morvan et Le Garrec, Président et Secrétaire du Comité d’épuration, nous ont déclaré qu’à la suite de la cessation du travail dans les ateliers à la fin de la matinée du 11 novembre 1943, la police allemande était venue demander communication du fichier du personnel, ce à quoi le chef du personnel s’était refusé ; mais que M. de Peyrecave avait au milieu de la nuit donné des instructions pour que cette communication fût faite, communication qui eut lieu en la présence de M. Allegret, chef du service de surveillance.
MM. Morvan et Le Garrec ont ajouté qu’ils ignoraient quelles avaient pu être les conséquences de celle-ci.
M. Allegret, qui était à l’époque Chef du service de surveillance, nous a fait à ce sujet les déclarations suivantes :
Dans le courant de l’après-midi du 11 novembre 1943, vers 17 heures, trois inspecteurs du Commissariat de police de Boulogne se présentèrent à lui et l’informèrent qu’ils étaient chargés de procéder à l’arrestation d’un ouvrier par atelier (soit 400 ouvriers environ) comme suite aux arrêts de travail qui avaient eu lieu dans la matinée ; il leur répondit qu’il n’avait pas qualité pour les laisser pénétrer à cet effet dans les usines ni pour leur désigner des ouvriers comme ils le demandaient, et les pria d’attendre le retour de M. Duvernoy, Chef du personnel ; vers 17h45, il accompagna les trois inspecteurs chez ce dernier qui répondit à son tour que la question relevait de la Direction générale ; tous se rendirent alors chez M. Hubert, secrétaire général, qui se refusa à prendre une décision et déclara que s’il y avait des arrestations à faire, il fallait commencer par lui, car il avait la responsabilité du personnel. Les inspecteurs se retirèrent en indiquant qu’ils allaient rendre compte au Commissaire de Boulogne. Entre temps d’ailleurs, la sortie des ouvriers avait eu lieu. Vers 21h30, deux inspecteurs se présentèrent à nouveau à lui et demandèrent à consulter le fichier du personnel. Il leur opposa un refus en leur disant qu’il n’avait reçu aucune instruction à cet effet. Vers 23 heures, le Commissaire de police de Boulogne lui téléphona, lui dit qu’il avait reçu des ordres de la Préfecture de Police qu’il était obligé d’exécuter et lui demanda de laisser ses inspecteurs accéder au fichier. Il répondit à nouveau qu’il n’avait pas d’instructions et qu’il allait se rendre au Commissariat. Il s’y trouvait depuis un moment lorsqu’arriva M. de Peyrecave qui discuta longuement avec le Commissaire de Police et qui, devant l’insistance de ce dernier, accepta finalement qu’un inspecteur se rendît aux usines, inspecteur qu’il lui demanda d’accompagner. Il conduisit alors cet inspecteur dans la salle des fichiers du personnel, qu’il n’éclaira que très insuffisamment, et le dirigea non vers le fichier du personnel en fonction, mais vers celui du personnel qui avait quitté la maison ; l’inspecteur qui était porteur d’un papier sur lequel figuraient quelques noms, fit des recherches sans trouver les fiches correspondantes, et au bout d’un quart d’heure environ et sur les suggestions qui lui furent faites, il se retira.
M. Allegret a ajouté que toute cette affaire n’avait en définitive pas eu de suite et que la Direction avait pour autant qu’il ait pu s’en rendre compte fait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter qu’elle n’en eut.
M. de Peyrecave nous a, pour sa part, remis une note comportant un exposé chronologique relatif aux incidents du 11 Novembre 1943 et qu’il nous a indiqué avoir été établie par M. Hubert, Secrétaire général, actuellement aux armées, au cours du 4ème trimestre 1944, époque à laquelle cette question avait été soulevée par le Comité d’épuration. Ce exposé chronologique est ainsi conçu :
« Le 11 Novembre 1943, à 11 heures du matin, tous les ateliers des usines Renault arrêtèrent le travail pour une durée variant de 10 minutes à 1 heure.
« Cette manifestation ne surprenait pas la Direction qui avait eu connaissance de tracts distribués par la Résistance dans la plupart des usines de la Région parisienne ; les Allemands et la Police française en étaient probablement informés.
« De fait, M. Erb, Commissaire adjoint des usines Renault, téléphonait vers 11h ¼ à M. de Peyrecave pour demander s’il s’était passé quelque chose.
« De son côté, la Police française envoyait plusieurs Commissaires à M. Duvernoy, Directeur du personnel, et le Commissaire de Boulogne téléphonait lui-même avant midi.
« Au Commissaire allemand, comme à la Police française, M. de peyrecave – bien qu’il ait été déjà informé par la Direction des Fabrications du débrayage général – répondait qu’il n’avait à signaler aucun incident sérieux.
« On pouvait donc penser que la question était réglée sans autre intervention, lorsque, vers 17h, apparurent au Service du Personnel les inspecteurs de police Rosier, adjoint au Commissaire, Cherpignon et Boileau.
« En l’absence de M. Duvernoy, ils furent reçus par M. Allegret, Chef du Service de la Surveillance. M. Rosier fit connaître qu’en raison des événements de la matinée, il avait reçu l’ordre d’arrêter un homme par atelier. M. Allegret lui fit remarquer que cette question n’était pas de son ressort.
« A noter que les usines Renault comptent environ 400 ateliers et que l’exécution des ordres reçus par les inspecteurs conduisait ainsi à arrêter 400 ouvriers environ.
« M. Rosier n’en confirma pas moins la décision qu’il venait de faire connaître et ajouta qu’il avait des ordres pour procéder à ces arrestations le soir même. Il demandait, en conséquence, qu’on lui désigna (sic) un homme par atelier.
« M. Allegret lui confirma son incompétence. M. Duvernoy ayant été appelé arrivait peu de temps après auprès des mêmes inspecteurs. Il s’opposait formellement à une désignation quelconque, ajoutant qu’il n’y avait eu, d’ailleurs, ni incidents sérieux, ni meneurs. Il maintenait cette position malgré les menaces de M. Rosier.
« Il était alors 17h55.
« M. Hubert renouvelle les protestations de M. Duvernoy et se refusa à toute désignation. Il déclara aux Inspecteurs que la Direction des Usines, durant près de 6 mois (septembre 1942 à mars 1943) n’avait cédé à aucune des injonctions allemandes, cependant renouvelée et pressantes, pour la désignation du personnel devant partir en Allemagne ; à plus forte raison ne céderait-elle pas pour désigner les ouvriers en vue d’une arrestation à titre d’otages.
« M. Hubert ajoutait que, bien que l’ordre émanât de l’autorité militaire allemande, il était dans l’obligation de prévenir le Commissaire allemand des usines.
« Ces entretiens successifs (MM. Allegret, Duvernoy et Hubert) permirent d’attendre l’heure de la sortie ; il était dès lors impossible de faire les arrestations le soir même dans les ateliers ou à la sortie des ateliers.
« Les inspecteurs de police durent donc se retirer disant qu’ils allaient en référer au Commissaire.
« M. de Peyrecave était effectivement appelé un peu plus tard par le Commissaire de Police, qui lui demandait de lui apporter, le soir même, un rapport écrit.
« En l’absence du Commissaire, M. Von Urach, la Direction des Usines informait M. Erb de la démarche dont elle venait d’être l’objet et déclarait ne pouvoir être rendue responsable dans l’usine si une mesure aussi grave était mise à exécution.
« Cependant, la Direction n’ignorait pas que le débrayage avait été général, mais, pour répondre à la demande formelle du Commissaire de Police de Boulogne, M. de Peyrecave rédigeait, avec MM. Grillot, Directeur des Fabrications, et Hubert, un court rapport, réduisant au minimum les incidents de la matinée et les ramenant en quelque sorte à une simple question de discipline intérieure, puisque la production qui, seule, devait intéresser les autorités allemandes, n’avait pas été affectée.
« Cette déclaration fut signée par M. de Peyrecave et portée par lui-même au Commissaire de Police dont il espérait pouvoir, de vive voix, obtenir le classement de l’affaire. Malheureusement, ce dernier était absent ; M. de Peyrecave eut l’impression, en quittant le Commissariat, que l’affaire était loin d’être réglée.
« Voulant, à tout prix, lever la menace qui continuait à peser sur le personnel des usines, il fit son possible pour joindre M. Von Urach, Commissaire allemand des usines qui devait être rentré dans la soirée d’une inspection aux Usines du Mans. Il put le joindre vers 20 heures, et lui exposer brièvement l’affaire.
« Bien qu’il se soit fait une règle absolue de ne jamais rencontrer M. Von Urach en dehors des usines, il insista pour être reçu immédiatement. M. Von Urach demanda alors à M. de Peyrecave de le rejoindre à son hôtel.
« A la suite d’un long entretien, M. de Peyrecave put convaincre le Commissaire de la nécessité d’une intervention immédiate auprès des Services compétents de la Rüstung et du Sicherhei (sic, pour Sicherheit) Dienst (le SD, le service de sécurité de la SS, ndla) de qui émanaient les ordres d’arrestation.
« M. Von Urach, après quelques essais téléphoniques infructueux, décidait, malgré l’heure tardive, de se mettre personnellement à la recherche des Autorités compétentes et demandait à M. de Peyrecave de l’attendre.
« Pendant ce temps, les choses continuaient leur train au Commissariat de Boulogne ; M. Rosier cherchait à exécuter les ordres qu’il avait reçus, et envoyait des inspecteurs au Bureau d’embauche pour essayer d’avoir communication d’un certain nombre de noms d’ouvriers.
« M. Allegret refusait toute communication. M. Duvernoy, alerté chez lui, confirmait ce refus.
« Vers 22 heures, M. Von Urach rejoignit et lui faisait savoir, qu’à la suite de son intervention, la Police allemande avait reçu l’ordre de temporiser.
« M. de Peyrecave, qui avait appris, dans l’intervalle, les pressions exercées sur MM. Duvernoy et Allegret, se rendit vers 23h10 au Commissariat de Boulogne où il retrouva M. Allegret, le Commissaire et les Inspecteurs de police.
« Il les mit au courant de ses démarches. Le Commissaire confirma qu’il venait de recevoir l’ordre de ramener le nombre des arrestations de 400 à 50, et ce chiffre ne s’appliquant plus aux seules usines Renault, mais à tout Boulogne. Par contre, il annonça qu’il était décidé à procéder, au cours de la nuit à ces arrestations, et il demanda, à nouveau, une liste de noms.
« M. de Peyrecave ayant refusé à nouveau de faire cette désignation qui ne pourrait être qu’arbitraire, le Commissaire fit connaître qu’il partirait, dans ces conditions, d’une liste que le Commissariat avait déjà préparée, et qui portait sur des personnes de Boulogne. Il annonça qu’il allait envoyer un inspecteur au Service du Personnel, afin de voir s’il y avait sur cette liste des noms d’ouvriers Renault.
« M. de Peyrecave lui répliqua qu’il n’était pas dans son pouvoir de s’opposer à cette descente de police dans le cas où le Commissaire maintiendrait sa position. Celle-ci étant confirmée, il donnait l’ordre à M. Allegret d’accompagner l’inspecteur aux usines.
« M. Allegret put alors, étant donnée l’ignorance de ce dernier, ne lui montrer que le fichier du personnel ayant quitté l’usine. L’inspecteur ne put donc faire aucun rapprochement entre la liste du Commissariat qu’il avait apportée et les listes d’ouvriers des usines.
« M. de Peyrecave ayant été appelé au secours par le Directeur de l’usine d’aviation de Bourges (sous contrôle Caudron) qui avait de graves difficultés, décidait de partir aussitôt.
« Il passait donc, dès le lendemain matin, à 8 heures à l’usine et convoquait MM. Duvernoy et Allegret qui lui apprenaient que deux personnes seulement avaient été appréhendées, et qu’encore, le Commissaire de Police, devant la passivité des autorités allemandes, ne semblait pas vouloir maintenir ces arrestations.
« M. de Peyrecave allait alors voir le Commissaire allemand pour le mettre au courant des événements de la nuit et lui demander d’intervenir encore pour faire annuler les deux arrestations. Puis, considérant que l’incident était pratiquement réglé, il prenait la route pour se rendre à Bourges où d’autres négociations l’attendaient.
« Cependant, le Commissaire de Police de Boulogne, après réflexion, ne paraissait plus vouloir se contenter du compte rendu signé par M. de Peyrecave et il fit comparaitre M. Hubert et de pouvoir interroger lui-même les Chefs de départements.
« Il se rendit personnellement à l’usine, mais là, M. Hubert, voulant à tout prix éviter cette enquête, lui démontra qu’il était déjà tard et qu’il ne comprenait pas pourquoi il ne se contentait pas de la déclaration écrite de M. de Peyrecave qui le couvrait entièrement.
« Le Commissaire de Police enregistra, pour la troisième fois, qu’aucun incident sérieux ne s’était produit, déclarait qu’il se contentait de la déclaration de M. de Peyrecave et confirma qu’il libérerait dans l’après-midi les deux personnes arrêtés. »
Nous ajouterons, sauf à vous laisser le soin d’entendre, si vous le jugez utile, les diverses personnes dont il est fait mention dans l’exposé précité, qu’au scellé 18 figurent des copies de documents ayant trait à cette question, savoir :
– la copie d’une communication faite le 5 décembre 1943 à M. de Peyrecave par M. le Commissaire de Police de Boulogne-Billancourt lui notifiant d’avoir, conformément aux instructions reçues, à le tenir informé sans délai « non seulement des faits de grèves, grèves, mais aussi de toute cessation de travail, concertée ou non, et de tous renseignements pouvant laisser présager une grève ou une tentative de grève », et les informant que les autorités allemandes avaient déclaré être décidées, en cas d’omission, à prendre les mesures les plus sévères à son égard.
– la copie d’un compte rendu en date du 11 Novembre 1943 et signé par M. de Peyrecave, ainsi conçu :
« La Direction des Usines Renault confirme les rapports verbaux qu’elle a faits ce matin, 11 Novembre, aux environs de midi, à Monsieur le Commissaire allemand des Usines, d’une part, à Monsieur le Commissaire de Police de Boulogne-Billancourt, d’autre part.
« Elle a rendu compte que si des arrêts de travail plus ou moins complets suivant les ateliers ont eu lieu dans de nombreux départements de fabrication, il ne s’est produit aucun incident susceptible de troubler l’ordre général.
« Les ouvriers qui avaient suspendu le travail pendant des durées très variables sont tous restés derrière leurs machines ; celles-ci, dans la presque totalité des cas, n’avaient pas été débrayées, les transmissions et les chaînes de montage ont continué à marcher.
« Ces arrêts individuels n’ont pas eu de répercussion sur la production globale des usines qui ont réalisé aujourd’hui 11 Novembre les 16 camions constituant le programme journalier. »
– la copie d’une second compte rendu du 12 Novembre 1943 qui porte in fine la mention : « Pour le Directeur général absent, le Secrétaire général », et dont le texte est le suivant :
« La Direction des Usines Renault a remis, le 11 Novembre au soir à Monsieur le Commissaire de Police de Boulogne-Billanourt un compte rendu relatif aux suspensions de travail qui avaient été constatées à la fin de la matinée dans les ateliers des usines.
« Ce compte rendu a été établi d’après les informations, téléphoniques pour la plupart, qui avaient été reçues sur le moment, et confirmées dans l’après-midi.
« Aujourd’hui 12 Novembre, la Direction a tenu à compléter la première enquête faite hier. Elle a reçu et interrogé individuellement tous les Chefs de départements de Fabrication.
« Il ressort des déclarations reçues qu’aucun meneurs n’a été identifié par eux, ni qu’aucun incident saillant susceptible d’être attribué à un meneur n’a été porté à leur connaissance.
« Des suspensions individuelles de travail ont été constatées à partir de 11 heures ; elles se sont progressivement généralisées sans qu’il y ait eu arrêt brutal de la fabrication. Dans certains ateliers, le travail a repris progressivement au bout de 20 à 30 minutes, c’est-à-dire vers 11h30. Dans d’autres, c’est à partir de ce moment que les arrêts ont été constatés.
« Le personnel est resté en place.
« D’une façon générale, la reprise du travail a été totale à midi et la cadence a été très soutenue pendant tout l’après-midi.
« C’est pour cette raison que la production enregistrée en fin de journée a été égale à celle des jours précédents ».
[1]. Le Normalien et Agrégé de Lettres Georges Cogniot était spécialiste des questions d’éducation au PCF, député de Paris, membre du Comité central du PCF de 1936 à 1964, du Komintern de septembre 1936 à octobre 1937 et rédacteur en chef de L’Humanité (1937-1939 et 1944-1947), stalinien orthodoxe, il qualifiera le rapport Krouchtchev de document “scandaleux, nuisant à l’activité de l’URSS”. Il s’est battu entre autres pour obtenir l’abrogation immédiate des subventions accordées par Vichy à l’enseignement privé. Voir notamment J.-P. Visse, La question scolaire, 1975-1984 : évolution et permanence, p. 162, la biographie qui lui est consacrée sur le site de l’Assemblée nationale et J.F. Sirinelli, Génération intellectuelle: Khâgneux et Normaliens dans l’Entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 1988, notes 57 à 59. Insulté par Georges Cogniot dans L’Humanité, parce qu’il avait constaté que le communisme n’était pas compatible avec la démocratie, François Mauriac lui répondit en décembre 1946 par le biais d’un texte magistral : F. Mauriac, Mémoires politiques (cliquer sur le titre pour lire le texte en ligne).
[2]. L’Humanité du 19 septembre 1944. Voir G. Hatry, Louis Renault patron absolu, Paris, Lafourcade, p. 403 et L. Dingli, Louis Renault, Paris, 2000, pp. 500-501.
[3]. Hors du monde de l’entreprise, la répression menée de concert par la police française et les autorités allemandes fut féroce. Les Mouvements de Résistance unifiée de Grenoble avaient organisé un défilé patriotique dans la capitale du Dauphiné afin de commémorer l’Armistice du 11 novembre 1918, malgré l’interdiction formelle des autorités de Vichy : 400 manifestants furent déportés à Buchenwald d’où 120 ne revinrent jamais. En revanche, les membres des maquis de l’Ain et du Haut-Jura, qui organisèrent le célèbre défilé d’Oyonnax, en pleine zone occupée, purent échapper aux représailles. Pour la manifestation à Grenoble, lire le témoignage de Lucien Colonel, l’un des survivants de Buchenwald. Voir aussi R. Dalisson, 11 novembre: du souvenir à la mémoire, Paris, Armand Colin, 2013.
Pour toute référence à ce texte, merci de préciser: “Laurent Dingli, Les événements du 11 novembre 1943 aux usines Renault”, louisrenault.com, octobre 2013.