Mission d’inspection effectuée le 1er décembre (1939) pour le compte de la commission de l’Armée par MM. Chouffet, Courson et Taittinger.

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Analyse sommaire du document : Le document suivant fait partie d’un dossier de la Défense nationale qui avait été saisi par les Allemands puis par les autorités soviétiques avant d’être finalement restitué à la France. On peut aujourd’hui le consulter au Service historique de l’Armée de Terre, au château de Vincennes.

Le texte est un compte rendu de la visite des usines Renault effectuée le 1er décembre 1939 au nom de la commission parlementaire de l’armée par les députés Courson, Chouffet et Taittinger. Cette visite faisait suite à une rumeur suivant laquelle les usines Renault et, au premier chef leur fondateur, avaient fait preuve de tiédeur vis-à-vis de la mobilisation industrielle. Devant l’importance de ces attaques, Louis Renault se sentit obligé d’écrire une lettre de mise au point au président du Conseil, Edouard Daladier, en novembre 1939. A l’origine de la polémique, une partie des services administratifs de la Défense Nationale qui étaient eux-mêmes gravement mis en cause pour l’impréparation de la mobilisation et tentaient de se décharger de leur responsabilité sur l‘industrie privée. Pour autant, Louis Renault, qui avait médité l’expérience de la Grande Guerre, nourrissait certainement des inquiétudes quant à la difficile reconversion de ses usines à l’issue du nouveau conflit. Après 1918 en effet, il s’était retrouvé avec un stock de matériel de guerre important et une quantité de machines-outils spécialisées inutilisables. Cette préoccupation n’était nullement incompatible avec le souci de la défense nationale, comme l’attitude de Louis Renault le prouvera jusqu’au mois de juin 1940. Pour bien comprendre les enjeux qui se posaient alors, il faut brièvement retracer le contexte industriel, économique et politique de la fin des années trente. Les réformes du Front populaires avaient coûté cher aux usines Renault comme aux autres grandes firmes automobiles, notamment parce qu’elles avaient augmenté sensiblement les prix de revient, et c’est l’une des raisons pour lesquelles l’entreprise enregistra une perte de plus de 6 millions de francs au titre de l’exercice 1937. Renault, qui était passé à la troisième place derrière Citroën et Peugeot, fut aussi victime de ses propres choix industriels, puisqu’il avait préféré conserver une grande diversité de fabrication plutôt que de se concentrer sur la production d’un nombre restreint de modèles. A ces difficultés, s’ajouta la désorganisation de la mobilisation industrielle, désorganisation dont la responsabilité essentielle incombait aux pouvoirs publics, comme le souligna, sans aucune complaisance, le texte de Pierre Taittinger. Rappelons que les usines Renault perdirent plus de la moitié de leur effectif au moment même où un effort gigantesque leur était demandé par l’Etat pour lutter contre l’Allemagne. A ce sujet, il faut souligner le caractère singulier de la position de Renault par rapport à ses concurrents les plus proches, puisque la participation à l’effort de guerre des usines de Javel et de Sochaux fut sans commune mesure avec celle de Billancourt. En d’autres termes, on demandait à Renault, déjà en perte de vitesse sur le plan commercial, de fournir un effort que l’on n’exigeait pas encore de ses concurrents, lesquels continuaient de fournir le secteur civil.

L’auteur du document, Pierre Taittinger, était un député d’extrême droite, qui avait fondé les Jeunesses patriotes en 1924 et allait bientôt se fourvoyer dans le soutien au régime de Vichy. Le texte témoigne des obsessions anticommunistes de l’auteur, obsessions qui, toutefois, étaient alors loin d’être le seul fait de l’extrême droite. A cette date, le PCF avait été dissous par le gouvernement d’Edouard Daladier pour le soutien qu’il avait apporté au pacte germano-soviétique. Certains reprochaient aussi aux communistes d’avoir organisé un régime de grèves perlées jusqu’en 1938, ce qui était exact dans le cas des usines Renault. Cependant, le risque d’une révolution communiste, et la hantise de l’agitation orchestrée dans les usines de guerre, relevaient davantage du fantasme que de la réalité. A peu près au même moment, un rapport de police notait en effet que la propagande politique – qu’elle fût d’extrême droite ou d’extrême gauche – était quasiment inexistante aux usines Renault, l’activisme ayant été arrêté net par la mobilisation de septembre 1939.

Le texte de Pierre Taittinger, qui était assez favorable à Renault, fut critiqué par un responsable de la Défense nationale dont les services, nous l’avons vu, étaient très nettement mis en cause. Nous reproduisons à la suite du rapport Taittinger ce texte de commentaires qui offre une vue contradictoire sur le sujet. Nous en publierons encore bien d’autres qui, espérons-le, permettront de rendre un peu moins opaque, une question particulièrement complexe.

Mission d’inspection effectuée le 1er décembre (1939) pour le compte de la commission de l’Armée par MM. Chouffet, Courson et Taittinger.

SECRET                                                                                                                                              source : S.H.A.T. 6N20 supplément

Rédaction de M. Taittinger (rajout manuscrit, ndr)

Notre mission de contrôle avait un double objectif portant sur les Usines Renault et sur l’Arsenal de Puteaux.

USINES RENAULT

Il résulte des renseignements que nous avons obtenus que l’Usine Renault est à l’heure actuelle transférée presqu’entièrement en Arsenal Militaire.

Lors de la Guerre de 1914 à 1918, les Usines de Billancourt avaient travaillé partiellement pour la Défense Nationale.

A ce moment-là, l’effort demandé porte principalement sur la fabrication d’obus. L’effort réalisé fut considérable et les Usines Renault contribuèrent largement à l’alimentation de l’Artillerie en campagne.

Ses services, son matériel et sa main-d’œuvre devaient contribuer puissamment à la construction de tanks légers, de moteurs d’avion, etc.

Il est à regretter que toute l’installation qui avait été effectuée pour les besoins militaires de la Maison Renault pendant la guerre n’ait pu être reprise par l’Etat et que les presses et nombre d’outils furent livrés au pilon pendant les années 1922, 23 et 24 où une guerre européenne paraissait plus que problématique.

Proposé à l’Etat par les Usines Renault dès 1920, le Gouvernement a refusé l’outillage militaire. La présente guerre terminée, il ne faudrait pas recommencer la même faute.

Au moment où la guerre de 39 a éclaté, la situation de l’Usine Renault était la suivante : sur 32.000 employés, 20.000 étaient rappelés aux armées, les 12.000 restant ayant à faire face à un carnet de commandes peu rempli au point de vue militaire.

Nous devons souligner, là encore, une grave lacune dans la préparation de la mobilisation civile. Ceux qui ont été chargés de l’organiser ont été au-dessous de leur tâche. Imprévision pour le stock, l’importance du personnel, les commandes de guerre délivrées dès le temps de paix, etc.

Inutile de dire que la production des Usines Renault, privées d’un certain nombre de leurs ingénieurs pour la plupart dans le Génie et l’artillerie et d’un grand nombre d’ouvriers n’est pas facilitée précisément.

(annotation manuscrite en marge : A la page 4, on dit que les Usines Renault ont à peu près ce qu’il faut !… alors…)

A la demande qui lui a été adressée par M. Dautry, de consacrer ses Etablissements à des buts uniquement militaires, il convient de souligner la réponse faite par M. Louis Renault, celui a accepté en effet de supprimer complètement ses fabrications civiles, de renoncer à l’industrie automobile dont il a été un des magnifiques animateurs, déclarant très simplement qu’il fallait avant tout gagner la victoire.

  1. Louis Renault sait parfaitement que lorsque la guerre sera finie, une notable partie de son matériel sera inutilisable ; il aura perdu sur le marché de l’automobile la place qu’il occupe, au profit de certains concurrents qui continuent à fabriquer, mais il estime que le devoir national passe avant tout.

A l’heure présente, les Usines Renault ont des commandes : I° en chars trente tonnes, 2° en chars légers, 3° en chenillettes d’infanterie, 4° en camions pour les unités motorisées, etc…

Si la production, d’une façon générale a considérablement baissé aux Usines Renault, étant donné le changement d’orientation de l’Usine et le personnel insuffisant mis à la disposition de ses dirigeants, le rendement individuel des ouvriers ne peut être mis en cause.

L’ouvrier parisien, difficile à mener à certains points de vue, est par ailleurs d’un rendement intéressant.

Les besoins en personnel nouveau sont dans l’ordre de grandeur de 20.000 ouvriers. Il y aurait même nécessité, pour accomplir le programme qui est fixé aux Usines Renault, de porter le total du personnel employé à 40.000.

Danger que peut présenter cette agglomération de 40.000 ouvriers dont un grand nombre sont avancés d’idées, dans la région parisienne : la Direction des Usines Renault ne méconnaît pas cette difficulté et il importe que l’autorité militaire prenne dès maintenant toutes les mesures d’ordre nécessaires. Un éparpillement a été effectué dans une certaine mesure avec des installations complémentaires à Gannat dans l’Allier, à Saint-Etienne dans la Loire et au Mans dans la Sarthe.

Dans les trois usines en questions (sic), on pense pouvoir réunir 10.000 ouvriers environ, ce qui fait que le « plafond » en personnel des entreprises de Boulogne-Billancourt, Issy-les-Moulineaux, ne dépassera pas celui de la période de paix (30 à 32.000).

Les effectifs actuels de la Maison Renault sont de 21 à 22.000 et en ce moment, les « professionnels » rentrent à la cadence de 75 par jour.

STOCKS– Les stocks des Usines Renault sont importants. Ils représentent au minimum un mois et demi d’avance, mais il est indispensable que si la guerre sous-marine et l’action des mines magnétiques devaient aller crescendo, elles pourraient se trouver comme d’autres entreprises, à un moment donné, en difficulté.

En résumé, au point de vue des besoins, les demandes de la Maison Renault peuvent s’établir de la façon suivante :

Ingénieurs et cadres– Des promotions sur place ayant été effectuées, des cadres anciens rappelés à l’activité, l’administration réclame quelques individualités mais dans l’ensemble, a à peu près ce qu’il faut.

Spécialistes– En ce qui concerne les spécialistes, qui représentent, au point de vue main d’œuvre, ce que l’on pourrait appeler beaucoup plus justement le tout-venant, il s’agit de leur demander un travail à la chaîne ne nécessitant pas, de la part de l’ouvrier, des connaissances étendues, mais exigeant un rendement sérieux pour un travail nettement défini.

Les besoins en ouvriers spécialistes sont faciles à combler, la Maison Renault, pour certains ouvrages, se contente même de la main d’œuvre féminine et, le cas échéant, de main d’œuvre coloniale.

Professionnels– En ce qui concerne les professionnels qui représentent l’aristocratie du monde du travail, c’est là surtout où les besoins des Usines Renault sont importants. Elles réclament le retour des armées des professionnels qui lui sont indispensables.

Sous une forme concrète, la Direction des Usines Renault déclare : « chaque fois que le front me renverra 90 hommes, je lui enverrai un tank de 30 tonnes armé de ses canons et de ses mitrailleuses ».

Autrement dit, c’est le troc de la machine contre la main d’œuvre.

TRAVAIL COMMUNISTE– Il est indiscutable que la propagande communiste continue à s’exercer dans une usine qui, sur 30.000 ouvriers, en comptait à peu près 26.000 inscrits dans les rangs du Parti Communiste.

« Les Têtes » ont été décapitées, les responsables renvoyés, mais on sent qu’une organisation occulte continue à fonctionner, chaque responsable ayant un remplaçant qui, en cas d’accident, reprend entre ses mains les rênes de l’organisation.

Si les ouvriers des Usines Renault ont la sensation que le gouvernement est le plus fort et qu’avec sa magistrature, sa police, etc… il est le maître de la situation, ils seront communistes « mous » voire même, ils ne seront plus communiste du tout. Mais, s’ils sentent qu’à certains degrés de la hiérarchie administrative, le Communisme est protégé, que l’on exige des dossiers complets pour écarter un ouvrier indésirable, qu’il faille des témoins pour obtenir un renvoi au front ou dans d’autres formations à l’intérieur, des mauvais esprits, les communistes momentanément abattus, redresseront la tête.

Une faute a été commise : c’est celle qui a retiré au Général Hering, Gouverneur Militaire de Paris, la possibilité de renvoyer sur des corps de troupe les indésirables. Il importerait de revenir le plus rapidement possible aux dispositions précédentes.

(annotation manuscrite en marge : Inexact)

Liaison de l’Arsenal Renault avec le Ministère de l’Armement

Une collaboration très heureuse s’est établie entre M. Rochette ancien Directeur Général de la Maison Skoda, représentant M. Dautry et les dirigeants des Usines Renault.

Tous les matins, une conférence réunit les différentes personnalités. Le travail non seulement de la journée, mais également les plans de campagne sont établis d’un commun accord.

Cette collaboration a produit les meilleurs résultats.

Nous constatons d’ailleurs partout où nous allons que l’arrivée au Pouvoir de M. Dautry a provoqué une amélioration notable de l’état des choses existant. On ne peut que regretter une chose, c’est que ce régime nouveau n’ait pas été instauré 15 mois plus tôt.

Affectations spéciales– En ce qui concerne les affectations spéciales, on a connu, au début, les plus grandes difficultés. Celles-ci dépendaient des Centres Mobilisateurs qui, avec une touchante unanimité, ont répondu négativement. Pendant le mois de Septembre 1939, toutes les demandes d’affectation spéciales ont été mises au panier.

A partir du mois d’Octobre, amélioration de la situation, on espère arriver prochainement à une situation normale.

Nous avons pu, au cours de la visite que nous avons faite à la Maison Renault, constater l’arrêt total de la production civile. L’atelier d’automotrice va être utilisé pour les 30 tonnes. Dans le service automobile, des housses recouvrent les machines, les « chaînes » ne fonctionnent plus, l’activité de la Maison est reportée sur les ateliers militaires.

En ce qui concerne la fabrication des 30 tonnes, il en sortait d’une façon normale 10 à 12 par mois, avant les hostilités. Au mois de Septembre, il en sortit 3 et u mois d’octobre 4.

On espère revenir à une cadence plus rapide à partir de ce mois-ci.

En 1936, il n’y avait à la disposition du commandement militaire français que 5 chars de 30 tonnes, au moment de Munich, il en existait une douzaine ; depuis un an, l’effort accompli avait été particulièrement grand puisque nous en possédons aux armées un chiffre important soit dans les unités soit en pièces détachées en différents magasins.

Avec la mobilisation, arrêt complet de fabrication. Grâce aux efforts de M. Dautry auprès de Schneider, de St-Chamond et des différents constructeurs, la cadence de sortie va être plus satisfaisante.

Nous avons rencontré au sujet de la résistance de ces tanks, deux thèses nettement contradictoires.

La Direction des Usines Renault, et en particulier les ingénieurs spécialisés, déclarent que les blindages peuvent résister à tous les engins antichars, voire même à des projectiles, modèle 77.

Du côté artilleur, on déclare que nos engins de 25 et, en tout cas, avec certitude, les 47, percent les blindages de 60 mn. du tank de 30 tonnes.

Nous serions désireux d’assister à Satory ou ailleurs, à des tirs qui nous permettront d’avoir une opinion plus nette.

Nous avons vu 2 tanks revenant du front, ayant participé à des attaques. L’un d’eux a été frappé de plein fouet par un obus de 155 ( ?), le conducteur a été pulvérisé, on ignore le sort du chef de char.

En examinant minutieusement les blindages, nous nous sommes rendus compte que ce qui était balle de mitrailleuse et obus de 37 ou calibres équivalents, utilisés par les Allemands causait des zébrures ou des boursouflures, mais que le blindage n’avait pas été traversé, sauf par l’éclatement des mines.

D’après ce qui nous avait été dit aux armées, tous nos chars étaient revenus de l’attaque qui avait été faite. Nous nous rendons compte qu’ils sont peut-être tous revenus, mais les deux que nous avons vus comme témoins aux Usines Renault semblent montrer que ceux-là sont revenus en assez piteux état.

Si nous avons, au point de vue protection de nos chars, une supériorité manifeste sur les chars allemands, il est indiscutable que l’éternelle lutte du projectile d’artillerie contre la cuirasse se poursuit et qu’en ce moment, d’une part les Allemands doivent augmenter la résistance de blindage de leurs tanks et d’autre part, le pouvoir perforant de leurs engins antichars doit certainement être augmenté aussi.

On nous a fait fonctionner devant nous des chars 30 tonnes, dotées (sic) de cinq vitesses, ayant canons de 75, mitrailleuses, etc… Ces chars sont d’une maniabilité remarquable, tournant sur place, et contrairement à ce que nous avions vus, dans le passé, les gros chars étaient tous très lents ; dans un terrain varié, nous avons vu évoluer les 30 tonnes à une allure de 25 kilomètres à l’heure.

Il serait indispensable de prévoir un volant d’au moins 300 chars de ce calibre, mis à la disposition du commandement de nos armées. Les Usines Renault pour leur part, déclarent que le nécessaire sera fait en temps utile.

En ce qui concerne les installations sanitaires du personnel Renault, l’abri en cas de bombardement aérien d’une immense carrière spécialement aménagée à cet effet, un rapport spécial a été établi par M. Courson. Pour ce qui a trait au moral des ouvriers et à la propagande communiste, un rapport spécial sera établi par les soins de M. Chouffet avec les renseignements donnés par les soins de la Direction du Personnel de l’Usine et les services de contrôle.

D’après les renseignements personnels qui nous sont parvenus, on ne doit pas s’étonner outre mesure que les rappels effectués portent sur les communistes ainsi qu’il nous l’avait été signalé.

Il suffit de se reporter à un renseignement mentionné ci-dessus : sur 30.000 ouvriers, les 4/5 appartenant au Parti Communiste, il est normal que les rappels donnent à peu près la même proportion quant aux tendances des ouvriers en rentrant à l’usine.

Note au sujet du rapport de mission de MM. Chouffet, Courson et Taittinger aux usines Renault… s. d. (début 1940 ?)*

Deux rédactions différentes ont été faites, l’une par M. Taittinger, l’autre par M. Chouffet.

Les deux textes formulent des appréciations sévères à l’égard de la préparation de la mobilisation industrielle de ces Etablissements (…)

En présence d’une critique aussi vive, le contrôleur général Vidal a été chargé d’enquêter sur la préparation de la mobilisation industrielle des usines Renault (…)

Deux autres points des rapports de MM. Chouffet, Courson et Taittinger qui attirent particulièrement l’attention en raison des contrastes qu’ils présentent avec les critiques adressées à l’ancien Service des Fabrications d’Armement sont :

1°) La satisfaction exprimée à l’égard de l’action du Ministre de l’Armement pour redresser les erreurs commises avant la mobilisation et sur la liaison étroite réalisée avec les Etablissements Renault par des conférences journalières réunissant M. Rochette, ancien directeur des usines Skoda représentant M. Dautry et les dirigeants des usines Renault.

2°) L’acceptation par M. Louis Renault de supprimer complètement ses fabrications civiles (…)

L’ingénieur militaire Montlaur a recueilli à ce sujet les explications suivantes qu’il croit devoir signaler bien qu’elles n’aient pas été contrôlées :

L’activité des usines Renault a été jugée insuffisante dès le début de la guerre par le Service des Fabrications dans l’Industrie qui en a rendu compte verbalement au Ministère de l’Armement.

  1. Louis Renault aurait alors affirmé nettement qu’il entendait conserver ses fabrications privées pour conquérir après la guerre le marché de l’automobile.

Ces comptes rendus auraient provoqué des entrevues entre le Ministre de l’Armement ou ses délégués et M. Louis Renault, et le Ministre de l’Armement aurait décidé de prendre en mains la direction des usines Renault.

C’est ce qui expliquerait l’intervention de M. Rochette et la forme de son action qui s’apparente beaucoup à celle d’un directeur actif d’Etablissement.

Quant à la décision de M. Louis Renault au sujet de l’abandon des fabrications privées, décision dont fait état les rapports de MM. Chouffet, Courson et Taittinger, il apparaît si elle est actuellement acquise, qu’on ne peut lui accorder le bénéfice de la spontanéité (…)

* Une note du dossier stipule : « Documents remis à M. le Contrôleur général Vidal aux fins d’enquête, Paris, le 27 décembre 1939, Le secrétaire général (du ministère de la Défense nationale, ndr), Jacomet.

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