L’Usine Nouvelle, par Thibaut de Jaegher, 13 mai 2011

usine_nouvelle_2Nationalisations de 1945 : Renault et tous les autres

Les héritiers de Louis Renault attaquent l’Etat français devant la justice. Ils contestent la nationalisation-sanction de Renault, en 1945, après la seconde guerre mondiale. L’occasion de se rappeler que le constructeur automobile n’a pas été le seul à passer sous le giron national.

Quelle est la différence entre nationalisation et spoliation ? Aucune, si l’on s’en tient à la thèse défendue par les héritiers de Louis Renault. Selon eux, leur grand-père aurait été dépossédé de manière indue de ses biens à la fin de la Seconde Guerre mondiale sur de fausses accusations de collaboration avec l’ennemi.

Ils viennent d’attaquer l’État français pour demander réparation. Mais il faut espérer, pour les finances de la France, que la demande achoppe. Car Renault est loin d’être la seule entreprise nationalisée par le Conseil national de la résistance au sortir de la guerre.

Dans l’aéronautique aussi, l’État a repris en main quelques industriels. Air France, société privée née de la fusion de quatre entreprises en 1933, est nationalisée en 1945. Partiellement privatisée en 1999, elle est aujourd’hui une entreprise privée. L’Etat ayant seulement gardé 15% du capital.

La Snecma, quant à elle, voit le jour à cette époque en récupérant les actifs du fabricant de moteurs et de motos, Gnome et Rhône. Pendant la guerre, ce dernier était devenu un sous-traitant de BMW, qui fabriquait des moteurs pour la Luftwaffe.

Dans les mines, l’intérêt commun s’impose. Des dizaines de houillères privées sont regroupées en 1946 pour donner naissance à l’entreprise d’État, Charbonnages de France. Objectif : relancer l’exploitation pour répondre aux besoins du pays.

Dans l’énergie, 1 450 sociétés françaises de production, transport et distribution d’électricité et de gaz sont nationalisées pour constituer EDF et GDF.

Pour le général de Gaulle, ces nationalisations n’étaient pas toutes des sanctions. Même s’il ne manquait jamais de rappeler aux patrons qu’il les avait peu vus à Londres, ces nationalisations constituaient pour lui le seul moyen de redresser l’économie française.

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