Archives par étiquette : Louis Renault
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Radio Courtoisie, Libre journal – Propos d’atelier, Interview de Jean-Michel Thévenin par Maximilien Choussi sur le livre “Louis Renault et Chausey”, 9 juillet 2013
La Manche Libre, “Louis Renault, un capitaine d’industrie à Chausey”, 25 juillet 2013
Originaire de Chausey, où il est né, Jean-Michel Thévenin publie un livre sur la passion de Louis Renault, fondateur de la célèbre marque au losange, pour l’archipel normand.
“Lorsque les visiteurs découvrent le château Renault, à Chausey, peu d’entre eux font le rapprochement avec le constructeur automobile”, souligne Jean-Michel Thévenin. Pourtant, l’homme en est convaincu, “sans Renault, Chausey n’aurait pas aujourd’hui le même visage”.
Originaire de l’archipel normand, où il continue de séjourner très régulièrement, Jean-Michel Thévenin vient donc de publier “Louis Renault et Chausey”. Un ouvrage passionnant dans lequel on apprend les circonstances de la découverte de l’archipel normand par l’industriel, son coup de foudre immédiat, sa boulimie de possession, qui le pousse à vouloir acquérir immédiatement quelque chose sur l’île, la restauration du vieux fort et son incroyable modernité…
Le tout agrémenté de photos d’archives et de nombreuses anecdotes. “Il existe de très nombreuses biographies de Louis Renault, notamment sur sa carrière. Je souhaitais présenter l’homme en dehors de son contexte industriel”, conclut celui dont le grand-père n’était autre que le pêcheur attitré du chef d’entreprise lorsque celui-ci venait à Chausey.
A découvrir prochainement dans La Manche Libre…
Le Figaro, “Renault chez les Normands”, par Valérie Lejeune, 9 août 2013
Louis Renault et Chausey de Jean-Michel Thévenin, Aquarelles, 270 p.
C’est par une métaphore sur l’impatience, trait dominant du caractère de Louis Renault, que Jean-Michel Thévenin débute le très original ouvrage qu’il consacre au géant de l’automobile et à sa passion pour les îles Chausey. On connaît l’extraordinaire inventeur mais on sait moins comment, amoureux de ce petit archipel du Cotentin, il en devint, pour certains, son bienfaiteur. Débarqué à Chausey un jour d’été de 1920, le célèbre industriel y lassera, aux creux des chemins ombragés, un souvenir qui perdure. L’ouvrage abondamment illustré de photos de l’époque, montre comment Renault restaura magnifiquement et en à peine un an (ce qui, même aujourd’hui, est une gageure) le fort du XVIème siècle où il fit sa maison, gratifia l’église d’un clocher, le village des Blainvillais de toiture, et les habitants d’une campagne de vaccination. Il montre aussi l’itinéraire d’un homme plus économe que les Normands eux-mêmes et qui, sa vie durant, s’échina à appliquer, avec des bonheurs divers, son génie de la mécanique aux bateaux qu’il adorait et dont il peupla l’archipel.
Le Point, “Renault-Citroën, un duo de visionnaires”, par Clive Lamming, jeudi 15 août 2013
Moteurs. Ils ont ouvert la voie à l’industrie française.
Louis Renault, c’est l’inventeur solitaire. L’ingénieur passionné, mécanicien dans l’âme, vainqueur de courses dangereuses, qui connaît tout de l’automobile, les outils, les outillages, les métaux, les copeaux et l’huile de coude, et qui va la décliner sous toutes ses formes.
André Citroën, c’est l’innovateur. Le détecteur, l’homme du marketing, des fascinantes expéditions en Afrique et en Chine, le personnage mondain et raffiné, celui des “planches” de Deauville, qui donnait une voiture (réelle) comme pourboire aux maîtres d’hôtel, l’inventeur du marketing qui fit briller son nom sur la tour Eiffel. C’est aussi l’homme des magnifiques jouets Citroën, maquettes précises à l’échelle I/10, fabriquées pour que les premiers mots des enfants des années 20 soient “papa”, “maman” et “Citroën”, au nom d’un taylorisme à la Pavlov et à l’américaine.
Mais au lendemain de la Première Guerre mondiale, quand il s’agit de s’imposer dans un marché national dont la demande est sans précédent dans l’histoire de l’automobile, Renault et Citroën, les deux hommes comme leurs armées et leurs empires, sont face à face. Ennemis ? Non. Concurrents, oui. L’admiration, la crainte, le respect ne les unissent pas mais les séparent. Ils s’observent du coin de l’oeil. D’ailleurs, André Citroën utilisera bien des briques fournies sans rancune par Renault pour construire, en 1916, sa nouvelle usine – d’abord consacrée aux munitions – du quai de Javel.
Tout les sépare. André Citroën est le tard venu. Louis Renault a démarré dès les premières années 1900. Il a, de ses mains, fabriqué des automobiles à l’âge de 14 ans, par pure passion, dans un petit atelier au fond du jardin familial de Billancourt. Né dans une famille de commerçants très aisés, il prépare le concours de l’Ecole centrale. L’échec à ce concours en 1896 lui est très cruel. Il revient à sa passion automobile pour créer, avec ses deux frères, l’entreprise Renault frères. Il est “authentique“, “c’est un vrai“, “un bon“.
Trust. En 1911, Louis Renault, déjà établi, effectue un voyage aux Etats-Unis pour étudier les méthodes de Ford et revient avec l’idée d’appliquer, en 1913, le chronométrage pour augmenter la productivité (le taylorisme). Cela lui vaut des grèves immédiates. On le décrit comme autoritaire et colérique, et pourtant il accepte le principe de la délégation ouvrière dès 1912. Mais c’est un solitaire: dans le secret de son bureau d’études, il invente la boîte de vitesse avec prise directe, mondialement utilisée, ou les bougies démontables. De son entreprise il fait un trust industriel avec une forte intégration en amont: il fabriquera tout, des tissus au caoutchouc, du carton au papier, des équipements électriques aux bougies, cultivant même des arbres pour en avoir le bois, et fabrique son électricité dans ses propres centrales électriques.
Mais Renault s’intéresse aussi à tout ce qui a des roues et un moteur: voitures particulières, camions (dont il est le promoteur, bien avant les marques spécialisées), autobus (il fournira ceux de Paris, les fameux TN et TH à l’immortelle plate-forme). Il devient même le premier fabricant mondial d’autorails pour les réseaux ferrés français, sans oublier de faire des moteurs d’avion ou de marine, concevant sans doute les meilleurs moteurs Diesel du monde. Jamais André Citroën n’aura une telle “envergure” dans la diversité !
Lui aussi fils de bonne famille, Citroën, après Polytechnique, se lance dans l’aventure automobile, mais comme un grand gestionnaire, un manager innovant. C’est un “moderne”… Sa propre firme a démarré plus tardivement, en 1919, après qu’il a fait sa fortune et ses preuves dans la livraison d’obus. Il popularise le fameux emblème en double chevrons qui représente la denture d’un engrenage dont Citroën a racheté le brevet à un ingénieur polonais lors d’un voyage dans le pays de ses ancêtres. Car il n’est pas inventeur: il sait découvrir des inventions, détecter les talents et s’en entourer, les combiner, les utiliser, les vendre. Il produira plus rentablement que Renault, appliquant avec succès les méthodes de Ford. En 1919, il livre la première voiture fabriquée en série, initie le client aux véhicules clés en main – quand il allait auparavant rassembler diverses pièces. Sa vente “sociale” repose sur la “propagande”, terme d’époque: il invente le réseau des concessionnaires, le crédit à la consommation, généreux et interminable. Produisant plus pour moins cher, Citroën fait de l’ombre à Renault et l’agace. Citroën innove et mène le jeu, allant jusqu’à le devancer sur son propre terrain, les taxis, que Renault fabriquait en série avant la guerre et qui serviront pour la Marne.
Tragédies. Au-delà de toutes leurs différences, ils connaîtront deux fins tragiques. Lâché par les banques, Citroën est ruiné par la crise des années 30. Pendant l’hiver 1935, seul, malade, il vient faire ses derniers pas dans son usine du quai de Javel vide et silencieuse. Trop longue à mettre au point, la fantastique Traction a épuisé ses dernières ressources financières. Dans le grand hall noire, peut-être voit-il déjà les formes incongrues et géniales de la 2 cv ou celles, fascinantes et futuristes, de la DS 19 ? Il meurt, ruiné et oublié, mais nullement déshonoré. Il a, tout simpement, fait une erreur professionnelle.
Louis Renault, l’homme qui a construit les chars de Verdun et contribué à la victoire de 1918, ne voit que son travail et son entreprise, il n’est pas du genre à trahir son pays. Mais il a suffi que les usines Renault travaillent pour l’occupant, comme d’autres en France. Jeté en prison dès 1944 dans un climat de règlements de compte, abandonné, maltraité, Louis Renault est transporté mourant à la clinique Saint-Jean-de-Dieu, à Paris, , où il succombe après avoir murmuré à son épouse: “Et l’usine ?” Il n’a pas fait d’erreur professionnelle, au contraire: il a excellé jusqu’au bout, et l’Etat, en nationalisant les usines Renault, fait une bonne affaire. Dans ces deux histoires, la fin ne fait pas partie de l’Histoire et on ne reconaît pas le héros.
Clive Lamming, historien, auteur de “Transports urbains”, éditions Atlas.
Lire le dossier dans le magazine Le Point.
Ouest-France, “Chausey, passion de l’industriel Louis Renault”, par Jean-René Rivoal, mercredi 30 octobre 2013
Jean-Michel Thévenin présentera son livre Louis Renault et Chausey, sorti en juillet, ce mercredi au forum Jules-Ferry. L’auteur répondra aux questions du public et dédicacera son ouvrage.
Entretien
Jean-Michel Thévenin, auteur d’un second livre consacré à l’archipel normand où il a grandi
Pourquoi parler de Chausey à travers Louis Renault ?
Je me suis lancé dans un créneau qui n’avait pas encore été exploité par les nombreuses publications sur Chausey. Il y avait un trou dans la période 1920-1945 et c’est celle passée à Chausey par l’homme internationalement connu, créateur de l’entreprise multinationale.. Louis Renault y est arrivé l’été 1920 à l’instigation de son épouse qui passait ses vacances à Dinard et connaissait Chausey depuis son enfance. Il est aussitôt tombé sous le charme et a cherché à acheter ou à louer. Il n’y avait pas de maison assez grande pour lui. Il lui a alors été proposé par Marin Marie, le peintre navigateur, de restaurer la vieille forteresse construite en 1550 sous Henri III, reconstruite et redémolie plusieurs fois. En 1920, ce n’était plus que quatre morceaux de murs branlants.
Comment s’est passée la reconstruction du Vieux Fort ?
La restauration du château est un peu l’objet du livre que je démarre en présentant la carrière de l’industriel. Il a fallu mettre des moyens considérables en oeuvre pour réaliser cette performance. Cette reconstruction a été très rapide, le premier coup de pioche a été donné en janvier 1923 et à Pâques 1924, le château était habité, chauffé et éclairé. Il a fallu un peu moins de 14 mois pour finaliser cette gigantesque restauration, ce qui est une performance pour l’époque. Il n’y avait alors ni eau courante, ni électricité, ni moyens mécaniques. Il a tout emmené sur place. Il a loué à la SNCF deux wagons de chemins de fer qui arrivaient de Paris à Granville, toute la durée des travaux. Un chantier de grande ampleur : 200 ouvriers y participent, 27 millions d’anciens francs sont dépensés, 85.000 carreaux de grès et 44.000 tonnes de pierres de granit de Chausey sont nécesaires.
Y a-t-il eu des difficultés particulières ?
Le matériel qui arrivait par bateau devait ensuite être transporté au port puis chargé sur les bateaux. Ils partaient à mer haute de Granville et arrivaient à mer basse à Chausey. Il fallait alors attendre la nouvelle mer haute du soir pour pouvoir débarquer le matériel à la cale. Tout était ensuite transporté par tombereaux, tirés par des chevaux. Le bâtiment a été le premier éclairé de Chausey, grâce à un système à partir de moteur Renault. L’eau courante, chaude de surcroît, a été installée ainsi que le téléphone et le télégraphe. Il a aussi fait mettre un système de radio relié au sémaphore.
Comment se déroulait sa vie à Chausey ?
Il y venait quinze jours chaque année en août et plusieurs week-ends jusqu’en 1939. Il parvient à revenir deux fois durant la guerre, en 1942 et 1943. Son épouse était une grande mondaine, il y avait de nombreuses réceptions à chacune de leur venue. Lui, n’aimait pas beaucoup cela et préférait pour ses loisirs, le sport ou la pêche. Il aimait les bateaux mais était mauvais marin. Il en possédait deux pour lesquels il avait fait construire un hangar sur place et avait toute une flotte de petits bateaux. Mon grand-père installé à Chausey, était le chef de la flotte de pêche de Renault. Il était aussi un des premiers personnages à rencontrer Louis Renault sur l’île en 1920.
Jean-René RIVOAL