La personnalité de Louis Renault, même cinquante-six ans après sa mort, continue d’alimenter les débats. Malgré son patriotisme industriel durant la Première Guerre mondiale, le « saigneur » de Billancourt a vu grossir durant l’entre-deux-guerres un haine farouche contre son pouvoir et son autoritarisme, alimentant soupçons et rumeurs durant l’Occupation. L’homme Renault, l’un des plus grands industriels français de l’époque, est décédé dans des circonstances mystérieuses en septembre 1944, tandis que ses biens étaient confisqués.
Il y a eu déjà plusieurs biographies sur ce personnage secret, refermé sur lui-même, difficile à cerner sans se laisser aller aux jugements passionnels qu’induisent les périodes qu’il traverse. Laurent Dingli, grâce à un travail de recherche approfondi, méticuleux, notamment sur des archives inédites, veut y poser son regard d’historien. Avec, en conclusion de ce livre riche, qui balaie toute l’histoire industrielle et personnelle de Louis Renault, une franche disculpation des soupçons de collaboration. Hélas, la volonté de réhabiliter Louis Renault est présente et visible durant la totalité de l’ouvrage. Et elle nuit un peu, par ce soupçon d’a priori, à l’efficacité de la démonstration. A lire de toute façon, pour enrichir ses connaissances sur l’une des grandes figures du monde de l’automobile et de l’industrie.