Romain Ducoulombier dir. Les socialistes dans l’Europe en guerre :
Réseaux, parcours, expériences 1914-1918, Paris, L’Harmattan, 2010, 232 p.
La Grande Guerre est une rupture majeure dans l’histoire du socialisme français. Longtemps considérée comme secondaire, souvent mal connue, la participation socialiste au pouvoir pendant l’Union sacrée retrouve son originalité et sa complexité grâce aux actes de cette journée d’études tenue à l’université de Metz en mai 2009. Pour la première fois, une histoire comparée des socialistes belges, russes ou britanniques éclaire d’une manière nouvelle l’expérience socialiste française irréductible aux frontières de l’Hexagone. A partir d’archives nouvelles, les auteurs rassemblés dans ce volume explorent les arcanes de l’action politique des grands ministres socialistes de l’époque, Marcel Sembat, Jules Guesde et surtout Albert Thomas. Dans la France de 1914-1918, le mouvement ouvrier est une force, et c’est sur cette force que la SFIO s’est appuyée pour peser sur la conduite de la guerre. Ministres, parlementaires, élus locaux : l’insertion des socialistes dans l’Union sacrée est scrutée en détail. Les conditions dans lesquelles la France doit combattre l’invasion allemande ont suspendu les formes du jeu politique traditionnel : mais cela ne signifie pas pour autant que la politique ait disparu. Le Parlement, d’abord muselé, reprend ses droits ; et les soldats, eux aussi, ” font de la politique “. Au travers de parcours individuels ou collectifs, ces actes nous permettent d’assister à la reconquête progressive d’une parole critique par les socialistes, après le ralliement à la défense nationale en 1914.
Vincent Clément, La Mutuelle Renault – Entre idéaux et réalités.
Préface de Louis Schweitzer, SHGR, Boulogne-Billancourt, 2005, 135 p.
La Mutuelle Renault a eu cent ans, à cette ocasion, il a semblé légitime et souhaitable de concrétiser cet anniversaire par un ouvrage historique et vulgarisateur. Dans cet esprit, Vincent Clément, étudiant en maîtrise d’histoire à Lille, , a été chargé de relater cette épopée séculaire de la protection sociale. Un siècle après ses débuts, le sens de la solidarité est intact. Forte de ce riche héritage et du lien culturel qui l’unit à l’entreprise Renault, la mutuelle offre aujourd’hui les garanties d’un environnement rassurant à l’ensemble de ses adhérents.
La fidélité de leurs engagements pérennise la continuité de son action, bénévole et solidaire, et le respect de ses idéaux. Cet effort constant et permanent a largement contribué au développement des soins de santé et par là même au bien-être du plus grand nombre.
Je fonde l’espoir que le dévouement et l’humanisme rencontrés auprès de ceux qui ont créé puis animé la Mutuelle Renault puissent perdurer dans l’action de leurs successeurs. Enfin, je demeure convaincu que les adhérents fidèles et lecteurs potentiels de cet ouvrage seront heureux de partager avec moi la joie de cet anniversaire.
Emile Temime, Jacqueline Costa-Lascoux dir., Les hommes de Renault-Billancourt,
Mémoire ouvrière de l’île Seguin 1930-1992, Paris, Autrement, 2004, 200 p.
En 1992, les ateliers Renault de l’île Seguin ferment leurs portes. Fin d’un monde associé, pêle-mêle, à la naissance de l’aventure automobile, à l’épopée des taxis de la Marne, mais avant tout à une certaine culture ouvrière.Très vite après leur ouverture en 1930, les bâtiments de l’île Seguin sont devenus un lieu mythique, qui s’est identifié, pendant un demi-siècle, à la croissance économique et au mouvement ouvrier qui l’a accompagnée. Le Front Populaire en 1936 ; la nationalisation de l’entreprise à la Libération ; les grèves de 1947 ; celles de 1968 : autant de moments forts d’une histoire également marquée par la production de voitures populaires en grande série, par d’incontestables avancées sociales, mais aussi par l’appel à une émigration massive, indispensable, qui va remplir les emplois les plus pénibles, et vivre dans des conditions souvent difficiles. Monde dur, surtout pour les milliers d’ouvriers qui travaillent à la chaîne. Monde gros de conflits, dans l’usine et en dehors, et qui prendront des formes nouvelles quand la robotisation et le recours à la sous-traitance viendront remettre en cause la stabilité de l’emploi, et menacer les ateliers de Billancourt. Mais en même temps, espace exceptionnel d’entraide et de solidarité, qui ne peut s’effacer sans laisser de traces dans la mémoire de ceux qui l’ont vécu. Ecrire aujourd’hui l’histoire des travailleurs de l’île Seguin, c’est sauver un peu de cette mémoire. C’est redonner la parole à ces hommes, souvent venus de loin, qui demandent que l’on garde le souvenir de leurs sacrifices et de leurs combat.Avec plus de cinquante images des archives Renault.
Biographie des auteurs
Jacqueline Costa-Lascoux est Directrice de recherche au CNRS, CEVIPOF/Sciences-Po Paris. Elle est, dans cette même collection, l’auteur, avec Live Yu-Sion, de Paris XIIIe, Lumières dAsie.
Émile Temime est Professeur émérite d’histoire contemporaine de l’Université de Provence. Il dirige, avec Pierre Milza, la collection ” Français d’ailleurs, peuple d’ici”.
Emmanuel Quenson, L’école d’apprentissage Renault 1919-1989,
CNRS Editions, Paris, 2001, 381 p.
La participation du patronat à la formation professionnelle a longtemps été occultée en France – l’État étant considéré comme l’acteur central de ce domaine d’activité.
Pourtant, l’implication des industriels en la matière ne saurait être sous-estimée. Dès les années 1920, Renault choisit par exemple de se doter de sa propre école. L’enseignement qu’elle y délivre relève alors d’une double politique menée sur le front économique mais aussi social. En privilégiant l’analyse de cette entreprise, Emmanuel Quenson fait ici le pari d’éclairer les objectifs, les préoccupations et les stratégies de ses dirigeants pour mieux souligner leur engagement à l’égard de la formation.
Or dans quel contexte le concept d’école d’apprentissage a-t-il pris forme et s’est-il imposé chez Renault ? À quels impératifs une telle politique se devait-elle de répondre ? Quels hommes en ont été les instigateurs ? Quels facteurs ont joué dans l’organisation, le fonctionnement et l’évolution de ce type d’institution ? L’étude d’archives combinée à des témoignages atteste que cette école a connu plusieurs étapes.
Son histoire fut celle de compromis successifs, dictés par les débats d’idées comme par les opportunités du moment : les cours dispensés au fil du temps portent la marque d’intentions, d’initiatives et de négociations entre diverses catégories de personnels soucieuses de faire de la formation un enjeu du développement des hommes et des entreprises au XXe siècle. Au-delà de l’analyse, l’ouvrage appelle aussi à la réflexion sur l’actuelle coopération école-entreprise et la décentralisation de la formation professionnelle en France.
EMMANUEL QUENSON, docteur en sociologie, participe aux travaux du Groupement d’intérêt public Mutations des industries et des services.
Ses recherches portent plus particulièrement sur les relations entre formations professionnelles et emplois.
Jacques Girault dir., Ouvriers en banlieue XIXe-XXe siècle,
Les Editions de L’Atelier/Editions Ouvrières, Paris, 1998, 448 p.
L’étude du groupe ouvrier en mutation associe la connaissance du milieu, des idéologies, des phénomènes culturels, des systèmes politiques ou associatifs. A partir de la seconde moitié du XIXe, la banlieue parisienne devient le lieu par excellence où vivent et travaillent les ouvriers. Les différenciations sociales avec Paris s’élargissent. La vie politique, riche en tentations extrémistes, doit sa spécificité à l’installation durable du communisme dans un ensemble acquis aux valeurs républicaines. Les ouvriers apparaissent dans le monde de l’usine et dans la ségrégation résidentielle. Le logement populaire devient un enjeu politique au-delà des choix individuels alors que se brassent les populations. Le métissage culturel s’enrichit sans cesse. Pratiques sociales, culturelles, politiques, religieuses s’entremêlent. Dès lors les caractères sociopolitiques des ouvriers en banlieue se compliquent.
Cet ouvrage résulte du séminaire de DEA, orgnisé dans le cadre de la Convention de partenariat “Mémoires d’usines, mémoires ouvrières” entre le Conseil général de la Seine-Saint-Denis, les Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, l’Université Paris-13 et le Centre de recherches sur l’Espace, les Sociétés et les Cultures, sous la direction de Jacques Girault. Les différents chapitres de ce livre regroupent les contributions de Maurice Agulhon, Dominique Barjot, Marie-Claude Blanc-Chaléard, Thierry Bonzon, Florence Bourillon, Jean-Paul Brunet, Joël Clesse, Catherine Dupuy, Patrick Fridenson, Noëlle Gérôme, Martyn Lyons, Tangui Perron, Antoine Prost, Sylvie Rab, Michel Rault, Catherine Rhein, Jean-Louis Robert, Danielle Rousselier-Fraboulet, Charles Sowerwine, Danielle Tartakowsky, Claude Thébault, Myriam Tsikounas, Jacques Verger, Nathalie Viet-Depaule, Sylvie Zaidman.
Alain P. Michel, L’introduction du travail à la chaîne aux usines Renault 1917-1939,
JCM Editions, Paris, 1997, 32 p.
Extrait de l’article de Michel Freyssenet (Gerpisa.org)
Le mémoire de DEA d’Alain Michel, “L’introduction du travail à la chaîne chez Renault”, dont il présente un résumé dans ce numéro, est né d’une interrogation formulée dans le cadre du programme du GERPISA sur l’émergence de nouveaux modèles industriels. La diversification de la production des constructeurs automobiles observés depuis le début des années soixante-dix n’est pas un phénomène nouveau. Avant la production de masse d’un nombre réduit de modèles, les firmes automobiles offraient une grande variété de véhicules et cela jusqu’à la veille de la deuxième guerre mondiale. Mis à part GM dont on savait comment il avait concilié diversité commerciale et production de masse en commonalisant le plus grand nombre possible d’organes, nous ne savions pas ce qu’il en était exactement pour les autres constructeurs, européens notamment.
Concernant Renault, il était communément admis que la chaîne s’était imposée au cours des années 30. Or on considère aussi que jusqu’en 1939 la gamme de Renault est restée très large. Dès lors se posait la question de savoir comment avaient pu coexister à cette époque travail à la chaîne et production variée, problème actuel s’il en est. On pouvait avancer plusieurs hypothèses : soit le travail à la chaîne ne concernait qu’un ou deux véhicules et les autres continuaient à être montés en station fixe ; soit la chaîne n’était pas du tout ce que l’on imagine aujourd’hui, et elle permettait en fait une grande souplesse ; soit une solution originale, différente de celle de GM, avait été trouvée pour concilier travail à la chaîne et diversité.
Les documents, notamment photographiques, qu’Alain Michel a pu rassembler et analyser montrent tout d’abord que la notion de travail à la chaîne a recouvert des réalités bien différentes. Ils permettent de préciser et de réviser la chronologie. Il s’en dégage surtout une première typologie de la mise en ligne de la production.
Catherine Omnès, Ouvrières parisiennes.. Marchés du travail et
trajectoire professionnelles au XXe siècle, Editions de l’EHESS, Paris, 1997, 374 p.
À l’intersection d’une histoire des femmes et d’une histoire ouvrière, cet ouvrage brosse les portraits des femmes au travail du premier vingtième siècle dans les usines de la région parisienne au sein de la société ouvrière de l’entre-deux-guerres, dans le but de mieux s’interroger sur les logiques sociales qui structurent les marchés du travail et construisent les mobilités professionnelles.
Patrick Fridenson dir, 1914-1918 : L’Autre Front, Paris, Les Editions ouvrières, 1989, 242 p.
En apparence, dans la guerre de 1914-1918, comme dans toutes les guerres, il n’y a qu’un front, celui du champ de bataille.A l’Arrière règne l’Union sacrée, qu’on retrouve aussi dans les territoires occupés par les Allemands. Elle s’impose aux individus par un mélange de résignation et d’esprit d’autodéfense. Elle s’impose aux forces poilitiques, profitant à la droite, détruisant l’identité des radicaux, donnant enfin accès au pouvoir aux socialistes. La mobilisation industrielle matérialise cette union. Mais l’union recouvre des divergences profondes. Le patronat renforce les grandes entreprises, développe les industries nouvelles et l’organisation du travail, pratique une coopération conflictuelle avec un Etat au rôle sans cesse accru. Les ouvriers acceptent les conceptions productivistes, mais non les sacrifices qu’on leur impose. D’où finalement une résistance ouverte à la base, que la répression cherche à mater. Il y a donc bien, chez les civiles de 1914-1918, un autre front. La guerre s’y achève sans victoire décisive.
Quand on fait l’histoire d’une guerre, on échappe difficilement à la tentation de l’écrire au niveau des états-majors, militaires ou civils. Ils sont présents dans ce volume. Mais la priorité revient enfin aux Françaises et aux Français de la base, instituteurs de Charente, femmes jetés par la guerre dans l’usine, métallos obtenant le droit d’élire des délégués d’atelier, ou encore villageois lorrains sous le joug allemand. Onze historiens, français et étrangers, leur donnent ici la parole.
Jean-Louis Robert, Ouvriers et mouvement ouvrier parisiens
pendant la guerre et l’immédiat après-guerre, Thèse d’Etat, Paris-I, 1989, 10 vol.
Il est des désaccords obscurs entre historiens que notre communauté n’examine guère. Ainsi Madeleine Rebérioux conclut que presque tous les éléments de base de la crise des valeurs culturelles et politiques et de la crise sociale “sont en place en 1914″, et qu'”à cet égard la coupure d ela guerre n’est pas très pertinente. Elle n’a accéléré plus qu’elle n’a créé”. Mais Jean-Marie Mayeur et François Bédarida voient dans la guerre “la grande coupure” pour le premier, “une ère nouvelle” pour le second. Entre l’accélération qui suppose une continuité de direction et la grande rupture, il existe plus qu’une marge interprétative. Faut-il ranger dans la catégorie des partisans de la continuité ceux qui usent de la Grande Guerre comme un témoin ou un révélateur ? On n’aura enfin garde d’oublier la notion de parenthèse qui a été mise en avant par Annie Kriegel, dans son Aux origines du communisme français, qui voit dans le contexte de 1920 le carctère décisif des origines du communisme français.
Gilbert Hatry, Oeuvres sociales et associations 1900-1919 et Robert Guillemard, Monographie des services sociaux, SHGR, Boulogne-Billancourt, 1988, 74 p.
Les textes que nous publions ci-après couvrent deux périodes : la première de 1900 à 1919, la seconde de 1939 à 1943.
Certaines des associations évoquées existent encore aujourd’hui. Cependant, seule “La Société de Secours Renault Frères”, devenue “Société Mutualiste et d’Entraide de la Régie Renault”, peut s’énorgueillir du titre de doyenne.
La plus grande partie des oeuvres sociales et associations prirent naissance dès le début ou au cours de la première guerre mondiale. En raison certes des circonstances mais aussi des nécessités. Le premier texte en donne la nomenclature.
La paix revenue, certaines activités demeurèrent, d’autres périclitèrent puis disparurent. Lors de la seconde guerre mondiale, les nécessités suscitèrent le même phénomène. La monographie établie sous la direction de Robert Guillemard, alors directeur des Services sociaux, dresse un véritable inventaire de “l’existant” et un bilan.
Ces textes contribueront à la connaissance de ce qui a été la vie sociale des Usines Renault. Elle ne met pas un terme à une recherche qui mérite d’être poursuivie. A cet égard, nous ne pouvons qu’encourager les responsables d’associations et d’oeuvres sociales à rédiger des monographies qui seront autant de pierres apportées à la construction du grand édifice historique Renault.
Gilbert Hatry
Patricia Rahier, épouse Darrasse, La condition ouvrière aux usines Renault:
Décembre 1938 – Août 1944, Thèse de 3ème cycle, Paris I, 1986.
Depuis quelques années, l’industrie automobile suscite la curiosité des historiens. Elle a été l’objet de nombreux travaux universitaires s’inscrivant à l’origine dans le courant de recherches sur le mouvement ouvrier. La science historique s’est donc emparée récemment d’un domaine qui, jusqu’ici, était l’apanage des sociologues.
Si les historiens ne se sont pas penchés plus tôt sur l’industrie automobiles, ce n’est pas par manque d’intérêt, mais plutôt par manque de sources.Car pour étudier la vie d’une entreprise, il est indispensable de pouvoir consulter les sources patronales. Or, jusqu’ici les patrons de l’automobile s’étaient montrés peu ouverts et peu soucieux de faire partager leurs secrets. Aussi les historiens désireux de consulter les archives des usines s’étaient souvent heurtés à un refus.
Mais aujourd’hui une partie du voile est levée et chacun y trouve son compte. Car étudier l’histoire de l’industrie automobile, c’est mener de multiples recherches couvrant un immense espace à la fois économique, industriel, technique et social.
Jean-Paul Depretto, Les communistes et les usines Renault de Billancourt (1920-1936),
Mémoire de Maîtrise, Paris IV, 1973-1974
C’est délibérément que cette étude a été intitulée “Les communistes et les usines Renault” et non “Le P.C.F. aux usines Renault”. Par là, on a voulu marquer le double but de l’auteur:
– Etudier l’implantation du P.C.F.
– S’attacher à la façon dont les Communistes voeint et font voir Renault, essentiellement à travers une étude thématique de l’Humanité.
Ce deuxième volet se rattacherait à la vaste enquête en cours sur la façon dont la société française dans toutes ses composantes a accueilli le “phénomène de l’automobile” dans tous ses aspects.
Mais le premier axe, l’étude de l’implantation du P.C.F., est évidemment le plus important. Pourquoi un tel choix ? A l’oriine, apparemment, un hasard.
Une conférence de Monsieur FRIDENSON qui avait lancé aux étudiants des offres de collaboration pour écrire l’histoire du mouvement ouvrier aux usines Renault. Mais cette proposition rencontrait en moi une préoccupation plus profonde et plus ancienne.
Bertrand Abhervé, La grève des métallurgistes parisiens de juin 1919,
Mémoire de Maîtrise, Paris-VIII, 1973
Les sources
L’étude de la grève des Métaux de Juin 1919 est possible grâce à l’existence de sources abondantes d’origines diverses. Les archives établies par les services de police, Renseignements Généraux et Préfecture de Police d’une part, et les documents syndicaux d’autre part sont les plus précieux. un recours à la presse permet de les compléter utilement. Les documents imprimés, essentiellement les congrès syndicaux, sont aussi très importants.
1) Les Archives officielles
A/Archives de la Préfecture de Police
Ce sont sans doute les archives de la Préfecture de Police qui sont les plus complètes. Le carton Ba/1386 est entièrement consacré à la grève. Il est divisé en 7 dossiers : – a) Pièces générales.- b) Groupe de Paris. – c) Groupe de Boulogne-Billancourt, Puteaux, Courbevoie, Suresnes (…)
Bertrand Badie, Les grèves du Front Populaire aux usines Renault (1934-1936),
Mémoire I.E.P. Paris, 1971.
De nombreux travaux ont déjà été consacrés au Front Populaire, mais la plupart d’entre eux ont placé leur objectif dans l’étude et l’analyse des niveaux dirigeants (gouvernement, états-majors de partis et de syndicats), sacrifiant trop souvent l’étude systématique des événements tels qu’ils étaient vécus à la base, par les grévistes eux-mêmes. Et pourtant, une parfaite connaissance du phénomène “1936” ne saurait être atteinte sans l’étude préalable de la façon dont les développements ont été vécus et ressentis au sein même de la communauté gréviste.
C’est pour cette raison qu’il nous semble nécessaire de procéder à l’étude monographique d’une grève du Front Populaire, avant de proposer des schémas susceptibles d’expliquer et d’interprêter l’ensemble de ces grèves. Mais en tout état de cause, une étude de ce genre ne saurait se suffire à elle-même. La description des événements tels quils se sont déroulés dans une usine en 1936 ne sera pour nous qu’une base de réflexion destinée à nous offrir des instruments nouveaux pour tenter une analyse nouvelle de cette étape de l’histoire contemporaine française, bien connue dans ces contours événementiels, mais encore très problématique dans ses fondements.