Source : Archives privées Renault – fonds Lefèvre-Pontalis
Après le décès de Monsieur Jean-Bertrand Lefèvre-Pontalis, ses héritiers ont mis aux enchères 41 documents concernant les usines Renault lors d’une vente publique, documents dont la famille Renault a pu faire l’acquisition. Nous débutons la publication de ces pièces par une lettre de Maurice Deligne, ministre des Travaux publics, adressée à Aristide Briand, le 21 décembre 1931. Ce document est intéressant dans la mesure où il révèle que c’est sur l’intervention d’Aristide Briand que Louis Renault a été présenté pour une plaque de Grand Officier de la Légion d’Honneur. A cette date, la France est entrée de plain-pied dans la crise et Louis Renault, qui vient de construire une usine moderne sur l’île Seguin, a les moyens de l’affronter. Le président Briand est, quant à lui, à la fin de sa vie (il mourra deux mois et demi plus tard, le 7 mars 1932). Depuis quelques années il oeuvre inlassablement en faveur de la paix avec l’appui de l’ancien chancelier et ministre des Affaires étrangères allemand, Gustav Stresemann, dirigeant de la République de Weimar. Nous ignorons à quelle date exactement l’homme politique et l’industriel se sont rencontrés pour la première fois, mais ce fut sans doute pendant la Grande Guerre. Nous savons par ailleurs, grâce aux carnets de Christiane Renault qu’Albert Thomas et Aristide Briand se rendirent dans la propriété normande de Louis Renault, à Herqueville, le 7 septembre 1919 (1). Si Louis Renault était proche d’Aristide Briand depuis cette époque, il l’était bien davantage du socialiste Albert Thomas, directeur du Bureau international du Travail (BIT), avec lequel il noua une réelle amitié.