Source : A.N. Z 6NL 9
Note déposée par Me Ribet au nom de
Son client M. Renault le 23 septembre 1944
Pour juger de l’activité des usines Renault après l’Armistice, il convient de rappeler brièvement l’effort accompli par ces usines pendant la guerre 1939-1940.
Dès le 2 septembre 1939, les usines Renault eurent naturellement l’ambition de redevenir le plus rapidement possible ce qu’elles avaient été pendant la guerre de 1914-1918, c’est-à-dire le premier arsenal de la France.
L’effort de nos usines c’est alors traduit par une augmentation continue et incessante de nos effectifs ouvriers portés de 12.700 – chiffre auquel il était tombé à la mobilisation – à 27.000 à fin mai 1940.
Pendant cette période, nous avons transformé nos installations pour les adapter aux fabrications nouvelles, étudié et construit les outillages nécessaires, mis au point des méthodes de fabrication, et, au mois de Mai 1940, nous enregistrions les résultats suivants, dans une production mensuelle, correspondant à une activité dont nous n’avions encore jamais réalisé l’équivalent dans le passé :
Production du mois de Mai 1940 :
Parmi les matériaux principaux
– 2434 camions de toute puissance, depuis la voiture sanitaire jusqu’au camion citerne de 10.000 litres en passant par le camion transport de troupe dont certains exemplaires équipent encore actuellement la Division Leclerc.
– 498 engins blindés, depuis la chenillette d’infanterie jusqu’au char B1 de 30 T., en passant par le char moyen R.40.
– 303 moteurs d’avion
– 77 groupes essences ou diesels fournis à des entreprises travaillant pour la Défense Nationale.
– 740 voitures de tourisme dont la plus grande partie pour l’Armée.
En outre, les Usines étaient parvenus à produire par jour :
– 10.000 empennages de grenade
– 4000 mines d’infanterie (tôlerie)
– 4000 grenades (corps)
– et un tonnage important de tôle-abri (etc…)
(La suite de la note fait le point sur la question des chars, sur les sabotages, les détournements de matières, la politique vis-à-vis des commandes allemandes, etc. Exemple : en juillet 1944, une unité de la Division des SS Gotz von Berlichingen partie de Paris avec 200 camions A.H.N. sortant de l’usine est arrivée à Touars avec 7 camions seulement, les 193 autres étant en panne. Les résistants de l’O.C.M. des usines utiliseront le même exemple dans leur note de 1944, ndr).