Une nouvelle biographie de Louis Renault vient de paraître, un pavé de près de 700 pages qui se présente davantage comme un mémoire universitaire que comme un roman, une démarche quasiment inconnue dans notre littérature automobile. Laurent Dingli est d’ailleurs docteur en histoire et son livre est le fruit de cinq ans de recherches aux archives nationales, dans celles de Renault, aux services historiques des armées, etc. Les références bibliographiques en elles-mêmes ainsi que les notes tiennent sur 100 pages ! Précision utile : un index de tous les noms propres cités figure aussi en annexe : un travail de fourmi.
Le morceau de bravoure de Laurent Dingli est, comme on s’en doute, de décortiquer heure par heure les événements qui ont séparé l’emprisonnement de Louis Renault à sa mort un mois plus tard, le 24 octobre 1944, et à la confiscation de ses biens et de ses usines par l’Etat, avec une analyse « à froid » du rôle de chacun, des raisons personnelles et d’Etat. Mais son livre retrace aussi une aventure exceptionnelle, la création d’un empire industriel, la traversée de deux conflits mondiaux, l’affrontement de grèves, la conception de la sécurité sociale et des allocations familiales, etc.