Collaboration
Louis Renault : l’offensive porte loin
Les ordonnances de 1945 se trouvent directement attaquées par les héritiers Renault.
Jean-Paul Teissonnière, avocat, était présent à l’Assemblée mardi, à l’invitation d’André Gerin et de Guy Fischer, à la suite du procès en réhabilitation qu’intentent les héritiers Renault. Outre le principe d’une délégation au premier ministre porteuse de pétitions, l’avocat souligne l’urgence d’une implication des organisations de la Résistance, dans un procès dont la portée dépasse le seul cas de l’industriel collaborationniste.
L’offensive se déploie sur un terrain judiciaire calculé, estimez-vous ?
Jean-Paul Teissonnière. C’est une entreprise à tiroirs. Derrière l’assignation pour voie de fait, il y a la saisine du Conseil constitutionnel. Car devant un tribunal de grande instance, l’État ne peut être représenté que par l’agent judiciaire du Trésor. Croit-on que, dans ce débat, le représentant des de Gaulle, Mendès France, Lacoste, Parodi, Pleven, qui ont pris ces ordonnances, puisse être cet agent ?
Mais, dites-vous, il y a plusieurs manières de le faire.
Jean-Paul Teissonnière. Et des manières d’en provoquer la perte. Au-delà des pressions et pétitions lancées, il faut qu’interviennent volontairement dans la procédure les organisations de Résistance, des partis s’ils le souhaitent, la CGT et toutes celles qui, comme on disait jusqu’en 2008, eurent « une attitude patriotique durant la Résistance ». Si nous laissons à l’État le soin de défendre seul le programme du CNR, nous risquons des réveils douloureux.
Entretien réalisé par Lionel Venturini