Source : Renault Histoire
Les félicitations si cordialement amicales que vous avez bien voulu m’adresser m’ont profondément touché et je tiens à vous en remercier très vivement, ainsi que des promesses si précieuses que vous y avez ajoutées, de continuer à aider notre industrie.
J’ai été très heureux de pouvoir montrer que des Français étaient capables, une fois de plus, dans notre domaine comme dans beaucoup d’autres, de venir en tête du progrès, non seulement pour la conception mais aussi pour la réalisation des idées les plus nouvelles.
Nous avons eu la même récompense pour nos avions légers avec moteurs de moyenne puissance. Malgré les déboires et les difficultés inévitables des débuts, nous avons réalisé d’importants progrès.
Je ne sais si vous l’avez appris ; je viens de faire tourner plus de deux cent cinquante heures sans arrêt notre nouveau moteur de 300 CV ayant voulu m’imposer cette épreuve, près de quatre fois plus longue que celle de l’essai de soixante-dix heures que vous nous demandez, et cela afin d’être certain de livrer un matériel parfait. Je n’ai pas besoin de vous dire combien de telles méthodes de fabrication sont onéreuses pour nous.
Aussi, j’espère que de leur côté, les pouvoirs publics comprendront qu’il est nécessaire de nous aider pour que nous puissions continuer notre oeuvre. Je suis absolument navré, et très inquiet, de voir la production automobile des Etats-Unis doublée depuis un an, celle de l’Angleterre également, celle de l’Allemagne triplée, tandis que celle de la France à diminué de près d’un tiers. Allons-nous voir un jour disparaître chez nous l’industrie automobile, comme cela est arrivé en Belgique et en Suisse ? Nous ne pouvons plus exporter, tant nos charges sont lourdes…
Louis Renault