L’Arrestation de l’abbé Jean de Maupeou et de Pierre Uberti par la Gestapo du Mans, le 9 décembre 1943 – archives traduites par Jacky Robert Ehrhardt

maupeou_1

L’abbé Jean de Maupeou (1908-1945) © Archives privées Maupeou

C’est un dossier émouvant et terrible que nous ouvrons aujourd’hui, celui de l’affaire « Maupeou-Uberti », grâce à des archives inédites de la Gestapo. L’abbé Jean de Maupeou d’Ableiges et Pierre Uberti, directeur des usines Renault du Mans, furent arrêtés pour faits de résistance par la police allemande, le 9 décembre 1943. Le premier, battu pendant son interrogatoire, peut-être torturé, fut par la suite transféré à Compiègne, puis à Buchenwald et enfin à Mauthausen où il décéda dans la nuit du 23 au 24 avril 1945. Pierre Uberti ne connut pas ce sort tragique, sans doute parce qu’il était bien noté par les services de l’Armement allemand du Mans : ni torture ni déportation mais un emprisonnement de trois mois pour faits de résistance.

Jean est né le 16 août 1908 à Gray en Haute-Saône, fils du lieutenant de cavalerie Alphonse Gilles-Marie de Maupeou, huitième comte d’Ableiges, et de Geneviève Harscoët [1]. Après avoir fréquenté le Petit-Séminaire de La Flèche puis le Grand-Séminaire sulpicien d’Issy-les-Moulineaux, Jean de Maupeou est ordonné prêtre, à l’âge de 24 ans, le 10 juin 1933. Quelques années plus tôt, il participe au cours de formation des E. O. R. de Saint-Cyr et devient lieutenant de réserve, le 5 avril 1930. Mais, à la suite d’une grave opération il est mis en non-disponibilité. Mgr Grente, évêque du Mans, l’envoie à Rome où il passe deux ans au Séminaire. A son retour, en 1935, il est nommé vicaire de la cathédrale Saint-Julien du Mans. Très actif, Jean de Maupeou a toutefois une santé fragile. En 1938, il subit à Paris une opération très douloureuse de greffe osseuse sur la colonne vertébrale – opération à laquelle fera allusion son père dans une lettre poignante adressée au chef de la Gestapo (pièce n°96). Cette intervention retarde l’entrée de Jean au Grand Séminaire où il est chargé d’enseigner le Droit canon à partir de la rentrée de 1939. Mobilisé en juin 1940, il se trouve en Dordogne au moment de l’Armistice. Le 13 août suivant, il rentre au Mans où il est aumônier diocésain de l’Action catholique et plus précisément des guides et scouts de France. « En 1940, poursuit son biographe, Jean De Maupeou a 32 ans… Il apparaît comme un homme volontaire et actif, pour qui la prière est source de force » [2]. C’est un jeudi matin, jour où il assure ordinairement ses cours de Droit canon, qu’il est arrêté par la Gestapo.

Son compagnon d’infortune, Pierre Uberti a eu un parcours bien différent. Né le 3 novembre 1894 à Commentry (Allier), il a reçu la formation d’un ingénieur des Arts et Métiers (Cluny 1914). Il est employé aux usines Michelin de 1924 à 1931 puis passe deux mois seulement aux Forges et Aciéries de Firminy. Le 2 novembre 1931, il entre comme ingénieur chez Renault au Bureau d’études de la section des poids lourds (service 917) [3]. François Lehideux le renvoie pour des raisons inconnues, mais Louis Renault revient apparemment sur la décision de son neveu par alliance avec lequel il est bientôt définitivement brouillé [4]. Pierre Uberti devient directeur de la manufacture de Saint-Etienne puis directeur des usines Renault du Mans après le départ d’A. Mégret en février 1941 [5].

La descente aux enfers de Jean de Maupeou était relativement bien connue grâce à l’excellent article de Pierre-Marie Bourdin, paru en 2003 dans la Revue historique et archéologique du Maine, article fondé en partie sur des sources orales [6]. Mais les motifs et les conditions de l’arrestation du prêtre demeuraient un mystère. En outre, il n’était pas question de l’arrestation conjointe du directeur des usines Renault. Pierre-Marie Bourdin note seulement à ce sujet :

« Jean de Maupeou a aussi pu visiter l’usine Renault grâce à un ami, le directeur M. Uberti, qu’il connaissait bien mais qui n’était peut-être pas au courant du projet de Jean de Maupeou. En effet, celui-ci a transmis à Londres plans, dessins et renseignements précis concernant l’usine. Les Alliés, au moment de l’attaque aérienne de l’usine, ont su cibler les bombes sur les endroits névralgiques, comme la forge, ceci lors du bombardement d’un dimanche de 1943 à midi » [7].

Or nous le savons désormais : c’est en raison de ses activités de résistance liées à Renault que Jean de Maupeou fut arrêté le même jour que Pierre Uberti. Non seulement l’industriel était au courant du projet du prêtre, mais les deux hommes le mirent en place ensemble : Uberti accéda en effet aux demandes de la résistance formulées par l’intermédiaire de Jean de Maupeou et reçut en personne deux agents travaillant pour les services de renseignements alliés dans les locaux de l’usine.

La lecture de ces archives est très pénible. Il ne s’agit plus simplement de commandes, de pièces comptables, de formules commerciales, mais de souffrance humaine, de terreur, de déportation et de mort. « On sent pleuvoir les coups », nous confiait à juste titre Jacky Robert Ehrhardt en accomplissant son remarquable travail de traduction. En effet, les formules laconiques employées par les SS – « interrogatoire plus intense » ou « plus musclé » – font froid dans le dos et rappellent toute l’horreur du système nazi.

Quels sont les documents et comment peut-on les interpréter ?

Le premier (pièce n°75) est un commandement de la Gestapo du Mans adressé au Dr ERNST, Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à Angers [8]. Le texte évoque l’arrestation à l’aube de Jean de Maupeou et de Pierre Uberti, suite à des informations interceptées par la Gestapo et mentionnant des noms et du matériel d’espionnage (notamment le télex du 7 décembre). Ce n’est donc pas suite à un piège préparé par la Gestapo que Jean de Maupeou a été arrêté comme le suggère la tradition orale [9]. En tout cas, le fait n’est pas mentionné par les archives allemandes. La Gestapo surveillait peut-être le prêtre depuis un moment, d’autant plus que, selon son entourage, il ne se montrait pas très prudent. Les documents suivants ne donnent aucune indication sur les services alliés avec lesquels collaborait Jean de Maupeou. S’agissait-il du réseau Jade-Fitzroy, comme l’a supposé Pierre-Marie Bourdin, réseau sur lequel a travaillé Alya Aglan, historienne, spécialiste de la Résistance [10] ? Rien ne permet de trancher.

Ce premier document évoque par ailleurs une intervention des services locaux de l’armement allemand (Rüstungskommando Le Mans) en faveur d’Uberti qu’ils présentent comme un très bon élément de la collaboration industrielle, annonçant, d’ores et déjà, que les « plus hautes autorités allemandes » interviendraient en sa faveur. Nous reviendrons plus en détail sur ce point.

Les documents suivants (pièces 76-78) correspondent aux premiers interrogatoires respectifs de Pierre Uberti et de Jean de Maupeou, datés du jour même de leur arrestation, soit du 9 décembre 1943. Au cours de ces « auditions », les deux personnes interpellées nient les faits qui leur sont reprochés par la police allemande. Le directeur des usines Renault admet bien avoir reçu une visite de personnes introduites par Jean de Maupeou mais ne révèle rien de compromettant sur l’échange qu’ils ont eu à l’usine. Jean de Maupeou refuse de parler malgré la torture. Pierre Uberti est à nouveau interrogé le même jour (pièces 81-85) : c’est alors que tout bascule : un SS lui montre le mémoire extrait du rapport qu’il a rédigé sur cette affaire – rapport qui n’est malheureusement pas conservé dans les archives de Berlin mais qui paraît accablant pour les deux inculpés. A partir de ce moment, Pierre Uberti fait des aveux complets. Il est ensuite conduit dans une voiture de la Gestapo jusqu’aux usines Renault afin de vérifier le registre des visites, et l’interrogatoire se poursuit après leur retour dans les locaux de la police allemande. L’abbé est interrogé quant à lui le lendemain matin, 10 décembre (pièces 86-89). Il continue pourtant de nier, mais avoue finalement sous les coups, peut-être la torture (ce qui, nous l’avons dit, est décrit par le froid euphémisme typiquement nazi : « interrogatoire plus intense »). Autant dire qu’à partir de cet instant, le prêtre est condamné à mort, mais à une mort plus ou moins lente, celle de la déportation dans les camps.

On imagine bien avec quelle prudence il faut prendre des aveux extorqués par la menace (et la torture en ce qui concerne Maupeou). Mais, avec toutes les précautions qui s’imposent, le contenu des interrogatoires livrent quelques informations. Maupeou et Uberti se connaissent depuis 1940 (suivant le premier) ou 1941 (d’après le second). Ils se seraient rencontrés au moins une fois par mois (version Maupeou) ou seulement cinq fois en deux ans (version Uberti qui a tout intérêt à minimiser leurs relations). Fin août 1943, le prêtre met l’industriel en relation avec deux agents de renseignements alliés. Uberti leur fournit des informations sur l’usine et la production ; il conserve d’ailleurs des contacts avec eux dans les semaines suivantes. En cette année 1943, les services alliés tentent en effet d’approcher des industriels dont les entreprises travaillent pour la machine de guerre allemande. Le cas de Peugeot et de l’agent anglais du SOE, Harry Ree, est connu depuis longtemps [11]. Mais, jusqu’à ce jour, nous n’avions aucune preuve d’un contact similaire tenté auprès de Renault. Bien entendu, les aveux d’Uberti n’évoquent pas de proposition de sabotage de la part de la Résistance, proposition dont il aurait dû justifier l’acceptation ou le refus. Nous en sommes donc réduits sur ce point aux conjectures, à moins de nouvelles découvertes, cette fois dans les archives britanniques. Bien d’autres questions se posent. Et tout d’abord, Maupeou et Uberti ont-ils livré des renseignements sur les usines Renault avant le 30 août 1943, et plus précisément avant le bombardement du 9 mars [12] ? Dans l’état actuel de nos connaissances, il est impossible de répondre. Quoi qu’il en soit, il est intéressant de noter l’analyse que fait le Hauptscharführer SS de cette stratégie d’approche des chefs d’entreprise par les renseignements alliés (pièce 90) : les réseaux de résistance tenteraient selon lui de discréditer les patrons réfractaires à leurs demandes de renseignements (ce qui ne fut pas le cas d’Uberti, nous l’avons vu), et de provoquer l’arrestation de certains industriels afin d’intimider les autres [13].

Il est très difficile d’évaluer l’attitude de Pierre Uberti face aux Allemands sur le plan de la production. L’intercession en sa faveur de la part du Rüstungkommando local [14] puis des autorités supérieures allemandes, peut être interprétée de différentes manières : voulait-on libérer un collaborateur zélé, ou seulement sauver la vie d’un partenaire utile en surestimant délibérément son efficacité ? Nous savons que l’un des commissaires de Daimler-Benz, chargé de contrôler les usines Renault, le prince von Urach, était loin d’être un nazi fanatique. Louis Renault est-il intervenu personnellement en faveur d’Uberti comme il l’a fait, la même année, pour sortir Auguste Riolfo, résistant de l’O.C.M., des griffes de la Gestapo de Paris [15] ? Nous l’ignorons. Mais alors que Riolfo reste 53 jours à la prison du Cherche-midi, Pierre Uberti passe plus de trois mois dans celle du Mans. A l’approche de sa libération, les SS continuent de le considérer comme un élément « douteux » qui doit être placée en détention préventive de niveau 1 (pièce 99), ajoutant lors de sa libération que son cas est « grave » (pièce 102). Quelques jours plus tôt, le 3 mars, sur instruction du BDS (c’est-à-dire du Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des SD, le commandant de la Sipo [16]), « l’incarcération préventive d’Uberti pour actions subversives, est à prendre pour le moment avec mesure » (pièce 100), ce qui constitue le prélude à sa libération définitive (pièces 101-102).

Les données que nous avons sur la production industrielle des usines Renault du Mans pendant l’Occupation ne militent pas en faveur de l’hypothèse d’une collaboration zélée. Déjà, le prédécesseur de Pierre Uberti, A. Mégret, s’était illustré par des actes de résistance passive et les Allemands avaient dû intervenir militairement pour s’emparer des papiers de l’entreprise. Quant à la production elle-même, l’usine Renault du Mans fabriquait sous l’étroit contrôle des Allemands des tracteurs agricoles, de organes de camions, des maillons de tracteurs 8 tonnes, des pièces de rechange pour chars R.35 et, suivant le seul témoignage que nous a fait un témoin de l’époque, Charles Marterer, des plaques de blindage. Nous savons encore, d’après les expertises effectuées à la Libération, que seules deux commandes de pièces de rechanges de chars et chenillettes sur les sept passées par l’Oberkommando des Heeres (Haut-commandement de l’Armée) ont donné lieu à livraison (Usines de Billancourt et du Mans confondues) [17]. En ce qui concerne les organes de camions, la décentralisation des fabrications aux usines du Mans semble avoir ralenti la production [18]. Dernier point, Pierre Uberti ne fut pas inquiété par le comité d’épuration à la Libération. « En fait, un seul chef de département sera licencié pour faits de collaboration », constate Gilbert Hatry. « Quant au directeur, M. Uberti, il sera “déplacé d’office et remis à la disposition de l’administration centrale des usines Renault”, non pas pour “avoir favorisé par une surproduction les entreprises de l’ennemi” , explique Michel Debré, alors commissaire de la République pour la région d’Angers, mais “en raison du conflit aigu qui a opposé et opposerait encore M. Uberti à une fraction très importante du personnel sur des éléments qui semblent cependant échapper à la compétence du Comité” » [19].

Jean de Maupeou quitte Compiègne pour Buchenvald, le 22 janvier 1944, avant d’être transféré à Mauthausen. Il effectuera deux longs séjours en dehors du camp proprement dit, le premier au « camp des malades », de mars à juin 1944, et le second au Kommando d’Ebensee de juillet 1944 à début janvier 1945.

La foi de Jean de Maupeou l’aide à affronter l’enfer des camps. « Son engagement dans la prêtrise, résume Pierre-Marie Bourdin, l’amenait à reconnaître, à voir en tout homme, même un bourreau, même dans un camp de travail forcé, une espérance, une « lueur » d’humanité, et au-delà encore un fragment de divinité, si frêle fût-il » [20].

Jean de Maupeou meurt dans le camp de Mauthausen, dans la nuit du 23 au 24 avril 1945.

Pierre Uberti disparait le 19 septembre 1955.

Helmut Knochen, chef de la police allemande, condamné à mort par les tribunaux britannique et français pour crimes de guerre, sera gracié par le socialiste Vincent Auriol avant d’être libéré, en 1962, par le général de Gaulle (à l’instar de son supérieur, le général SS Karl Oberg, responsable de la déportation d’environ 100.000 personnes dans les camps de la mort). Le chef des bourreaux, Helmut Knochen, s’éteint en 2003, en Allemagne, près de soixante ans après Jean de Maupeou.

NB : des mentions manuscrites, difficiles à déchiffrer, devraient être bientôt traduites. Nous avons aussi tenu à publier ci-dessous toutes les pièces du dossier, même un doublon (copie probablement destinée à la Gestapo d’Angers). Enfin, cet article sera sans doute complété par des interviews de survivants et de nouvelles notations concernant les usines du Mans.

Nous tenons, une fois encore, à remercier tout particulièrement Jacky Robert Ehrhardt, alsacien passionné par Renault et l’automobile, pour le caractère remarquable et totalement désintéressé de son travail.

Pour toute référence à ce texte, merci de préciser : Laurent Dingli, « L’Arrestation de l’abbé Jean de Maupeou et de Pierre Uberti par la Gestapo du Mans, le 9 décembre 1943 – archives traduites par Jacky Robert Ehrhardt », louisrenault.com, mars 2011.

Dernière mise à jour : 9 mai 2011

[1]. La famille compte parmi ses ascendants le célèbre chancelier de Maupeou, auteur d’une importante réforme judiciaire sous le règne de Louis XV.

[2]. L’essentiel des renseignements biographiques sont tirés de P.-M. Bourdin, « Abbé Jean de Maupeou d’Ableiges (Gray 1908 – mort en déportation à Mauthausen 1945) », Revue historique et archéologique du Maine, Quatrième série – Tome trois, 2003, p. 205-271.

[3]. G. Hatry dir., Notices biographiques Renault, 1er fascicule, Paris, 1990, p. 111. La notice date à tort son départ d’avril 1943, alors que les SS le considèrent toujours comme directeur des usines du Mans, au moment de son arrestation en décembre.

[4]. Note de Louis Renault à François Lehideux, juillet 1940. Archives privées Guillelmon. Cliquer sur l’intitulé pour voir l’archive).

[5]. G. Hatry, L’Usine Renault du Mans 1918-1945, préface de Roger Allanic, Paris, 1988, p. 56. Il y a là une contradiction avec les notices biographiques qui datent du 1er juin 1939 l’entrée en fonction d’Uberti au Mans.

[6]. P.-M. Bourdin, loc. cit., pp. 205-271.

[7]. Idem. Une conversation avec P.-M. Bourdin n’a pas permis de déterminer de quel bombardement il s’agissait, celui du 9 mars 1943 ne correspond pas semble-t-il à un dimanche. Se reporter à Laurent Dingli, “Entretien filmé avec Kathleen Marchal-Crenshaw, le 9 avril 2012”, louisrenault.com, mai 2012 (Cliquer sur l’intitulé pour consulter le document).

[8]. Le SIPO-SD du Mans, qui dépendait de l’antenne régionale d’Angers, se trouvait 92 rue des Fontaines, actuellement rue des Victimes du nazisme. Tous les interrogatoires et la procédures sont menés par le service IV-E. Jacques Chesnier écrit à ce propos : « La SIPO-SD d’Angers est constitué comme suit : Chef Ernest Diétrich (pour Ernst Dietrich ?, ndlr), Conseiller d’Etat dans le civil, nazi convaincu et anti-français, remplacé par Frédéric (pour Friedrich ?) Busch, ancien adjoint, limogé début 1943. A partir de décembre 1943 et jusqu’à la libération,  le SD d’Angers est dirigé par Hermann Spah, 34 ans, nazi « très dur ». Sept services (ou Amt) sont subdivisés en sous-sections (…) Amt IV : lutte contre la résistance, les parachutages, les sabotages. A partir de 1943, c’est la section la plus importante du SD, celle qui mobilise le plus de personnel et elle est divisée en quatre sous-sections classées par lettre (…) sous-section E dont le rôle ne nous est pas vraiment connu mais a été dirigée par le commandant Stoener. Ont travaillé dans ce service Jantzen, Haci, Moritz Stude, Bauer, Neubauer, Gessler, Alles, Quinès, Brandell (…) La SIPO-SD du Mans est constituée comme suit : son premier chef fut Nuttgens… remplacé par Teuffel en 1943 mais Jankhe, numéro deux est considéré comme le vrai chef et cela depuis 1941. La SIPO-SD du Mans reçoit des renforts venant d’Angers, voire de Tours (…) Les sections sont les suivantes : (…) Amt IV : commandé par Windish, SS, travaille à la prison des Archives avec Wittig dit « le boxeur » et Peglow». J. Chesnier, La répression de la résistance en France par les autorités d’occupation et le régime de Vichy, SCEREN, nov. 2010, pp. 6-7 (Cliquer sur l’intitulé pour accéder au fichier PDF). L’historien Jacques Chesnier est spécialiste de l’histoire de la Résistance dans la Sarthe et les départements environnants.

[9]. Suivant le témoignage de Maurice Baron, prêtre, il aurait caché un Allemand qui se serait fait passé pour un aviateur anglais. P.-M. Bourdin, « Abbé Jean de Maupeou d’Ableiges (Gray 1908 – mort en déportation à Mauthausen 1945) », Revue historique et archéologique du Maine, Quatrième série – Tome trois, 2003, p.  226-227.

[10]. Le réseau de la résistance intérieure française Jade-Fitzroy, créé en décembre 1940, rassemblait des personnalités aux sensibilités politiques très variées, parmi ses principaux fondateurs figurent Claude Lamirault, ancien Camelot du Roy, et Pierre Hentic, ancien membre des Jeunesses communistes. Rattaché au MI-6 britannique, il se spécialise dans le renseignement militaire. A. Aglan, Mémoires résistantes. Le réseau Jade-Fitzroy, Paris, 1994. D’après P.-M. Bourdin, ce réseau aux pratiques non-violentes correspondait aux idées du prêtre. Le Mans était un centre militaire important puisqu’il accueillait notamment l’Etat-Major de la VIIème Armée (AOK 7) commandée par le général Dollman. J. Chesnier, La répression de la résistance en France par les autorités d’occupation et le régime de Vichy, SCEREN, nov. 2010, p. 5.

[11]. Voir notamment F. Marcot, « La direction de Peugeot sous l’Occupation : pétainisme, réticence, opposition et résistance », Le Mouvement Social n° 189, octobre-décembre 1999, pp. 37 sq.

[12]. Le Mans a subi alors plusieurs attaques aériennes : la première eut lieu le 4 mars 1943 sur la gare de triage ; la seconde, datée du 9 mars, a frappé les usines Renault (15 Mosquitos des escadrilles 105 et 139 de l’US Air Force lancèrent 60 bombes de 500 livres dont 8 à retardement) ; la seconde attaque touchant les usines Renault intervint un an plus tard, dans la nuit du 13 au 14  mars 1944, et la troisième dans la nuit du 22 au 23 mai. G. Hatry, L’Usine Renault du Mans 1918-1945, préface de Roger Allanic, Paris, 1988, p. 58.

[13]. Dans ce document, le cas d’Uberti est comparé par le SS à celui de l’industriel Maurice Vasseur (né en 1893 à Champaissant), directeur de la société Simmonds, que Jacques Chesnier range dans sa liste des résistants de la Sarthe (arrêté le 29-10-1943). Voir la page de memoresist.org. Ni Jean de Maupeou ni Pierre Uberti ne figurent dans cette liste.

[14]. Sans doute du colonel (Oberst) Keil, que Pierre Uberti cite comme caution dans sa première déposition.  Nous ignorons s’il s’agit de l’Oberstleutnant Günther Keil, du 919 Grenadier-Regiment qui participa aux combats lors du débarquement allié en Normandie, au sein de la 709ème Division d’Infanterie commandée par Karl W. von Schlieben.

[15]. Louis Renault au Befehlshaber des Sicherheitspolizei und des SD im Bereich der Militärbefehlshaber Frankreich Kommandeur Paris. Ministère public c/Louis Renault, scellé n°18. A.N. Z6NL9 (2) et Témoignage d’Auguste Riolfo, recueilli par G. Hatry

[16]. Le commandant de la Sipo (police de sécurité allemande), qui regroupait la Gestapo et la Kripo, était en France le standartenführer Helmut Knochen.

[17]. Rapport Caujolle et Fougeray du 23 octobre 1945. A.N. Z6NL9 (2).

[18]. Surtout à partir du bombardement de Billancourt d’avril 1943. Nous ignorons par ailleurs qui a remplacé Uberti pendant sa détention.

[19]. G. Hatry, L’Usine Renault du Mans 1918-1945, préface de Roger Allanic, Paris, 1988, p. 59.

[20]. M. Bourdin, loc. cit., p. 249.

Source : Bundesarchiv R70/11

uberti_gestapo_1 uberti_gestapo_2 uberti_gestapo_3 uberti_gestapo_4 uberti_gestapo_5 uberti_gestapo_6 uberti_gestapo_7 uberti_gestapo_8 uberti_gestapo_9 uberti_gestapo_10 uberti_gestapo_11 uberti_gestapo_12 uberti_gestapo_13 uberti_gestapo_14 uberti_gestapo_15 uberti_gestapo_16 uberti_gestapo_17 uberti_gestapo_18 uberti_gestapo_19 uberti_gestapo_20 uberti_gestapo_21 uberti_gestapo_22 uberti_gestapo_23 uberti_gestapo_24 uberti_gestapo_25 uberti_gestapo_26 uberti_gestapo_27 uberti_gestapo_28 uberti_gestapo_29 uberti_gestapo_30 uberti_gestapo_31 uberti_gestapo_32 uberti_gestapo_33 uberti_gestapo_34 uberti_gestapo_35

Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à ANGERS

Annexe extérieure du Mans

Références : IV E – 437 / 43 g

Le Mans, le 09.12.1943

Télégramme : 09.12.43 à 15h

SECRET

Destinataire : Dr ERNST, Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à Angers, ou toute autre personne habilitée.

Urgent : A soumettre immédiatement

Concerne : Groupe de résistance “Restistance” (cf. au texte)

Précédent : Télégramme du 7.12.1943 – IV E – 1940/43 g.

Conformément à ce qui précède, il a été procédé à l’aube à l’arrestation de l’Abbé SDE MAUPEOU d’ABLEIGES, Jean, Gilles, Marie, né le 16.08.1908 à Gray en Haute Saône, domicilié au Mans, 14 Rue du Dr Leroy et du directeur de l’usine Renault du Mans, Pierre UBERTI, né le 03.11.1894 à Commentry dans l’Allier, domicilié au Mans, 51 Rue de la Fuie. Les deux contestent énergiquement, au cours de l’interrogatoire, connaître les personnes citées dans le télex cité (NdT : celui du 7.12.1943), respectivement de leur avoir livré du matériel d’espionnage.

(NdT : Spi.-Material peut être interprété avec certitude comme Spionnage-Material, càd matériel d’espionnage)

Concernant UBERTI, le commandement des armements du Mans, précise :

UBERTI est le cœur et l’âme de l’usine d’équipement la plus importante de la région. UBERTI est un excellent professionnel et le service chargé des commandes d’équipement a réalisé avec lui les meilleures expériences. U. bénéficie de la pleine confiance de son responsable, Renault, à Paris.

  1. a démontré qu’il pouvait produire plus avec moins de personnel. Il travaille bien au-delà des espérances à l’inverse d’autres dirigeants français. Il est à prévoir l’intervention des plus hautes autorités allemandes.

Sachant l’importance que représente UBERTI pour l’industrie de l’armement et des équipements militaires, je demande instamment que soit prise la décision de maintenir U. en détention ou si U. doit être transféré là-bas (NdT : probablement à Angers), sachant qu’ici, aucune investigation supplémentaire ne pourra être menée.

Signé : Le directeur de l’Annexe extérieure du Mans

SS – Obersturmführer – Lieutenant SS

(NdT : apparemment Teufel)

Le Mans, le 09.12.1943

Réf. IV E –

Arrêté et comparaissant, se présente le directeur des Usines Renault du Mans,

Pierre UBERTI

Né le 03.11.1894 à Commentry dans l’Allier, domicilié au Mans, 51 Rue de la Fuie, marié, 2 enfants, apparemment sans condamnation, qui déclare :

Exposé :

Je connais l’abbé de Maupeou d’Ableiges, depuis, à peu près, décembre 1941. Mon fils a fait partie du club d’éclaireurs et celui-ci était supervisé par de MAUPEOU d’ABLEIGES. Cela a constitué notre premier intérêt commun. Depuis que je le connais, je l’ai rencontré 4 à 5 fois. Il m’a souvent envoyé des ouvriers pour mon entreprise, car au travers de ses activités pour la jeunesse, il avait beaucoup de relations.

Il m’a été cité les noms de “Deschamps” et également “Rouchy”. Ces noms me sont parfaitement inconnus. MAUPEOU d’ABLEIGES m’a envoyé personnellement 3 à 5 personnes. Je me souviens de 3 personnes que j’ai embauchées. MAUPEOU d’ABLEIGES ne m’a pas envoyé de personnes répondant à ces noms et je n’ai jamais fourni d’informations à qui que ce soit au sujet de l’usine que je dirige.

De même, aucune mademoiselle “Gisèle Paschal” ou “Fernande” ne m’est connue ; je conteste également qu’un homme, auquel j’aurais livré des informations sur l’usine, m’aurait présenté cette dernière. S’il a été affirmé que j’aurais pu communiquer des informations sur les capacités de production de l’usine, je déclare qu’il ne s’agit pas là d’un secret et que le monde entier est au courant de ce qui est produit dans les usines Renault du Mans.

Même la capacité de production serait aisément vérifiable.

Par rapport à ça, il n’est pas indispensable de s’adresser au responsable de l’usine. J’aimerais m’appuyer, à ce stade, sur le responsable du service chargé des commandes d’équipement, M. le colonel Keil, qui me connaît personnellement et qui connaît mes méthodes de travail.

Si je faisais partie d’un mouvement de résistance, je pourrais lui être très utile, en diminuant par exemple les capacités de production de l’usine au lieu de les augmenter et ceci sans que quiconque puisse me reprocher quelque chose.

Mais je ne me suis jamais intéressé à la politique, je ne suis qu’un industriel. Après le dernier bombardement qui a très durement touché l’usine que je dirige, j’ai eu tellement de travail avec la reconstruction, que je n’ai pas eu le temps pour m’occuper d’autres choses.

Il m’est signifié que, sur la base de témoignages faisant état de suspicions, je suis provisoirement placé en détention.

Mention : Relu et clos

Signé : UBERTI

Signé : Un sous-officier faisant fonction d’interprète

Signé : JANTZEN – SS – Unterscharführer – Adjudant-chef SS

Le Mans, le 09.12.1943

Réf. IV E –

Arrêté et comparaissant, se présente, l’abbé DE MAUPEOU D’ABLEIGES, Jean, Gilles, Marie,

Né le 16.08.1908 à Gray en Haute Saône, domicilié au Mans, 14 Rue du Dr Leroy, célibataire, prêtre catholique, apparemment sans condamnation, qui déclare suite à une question précise:

Sur sa personne : Jusqu’à mon dixième anniversaire j’ai été élevé par ma mère et j’ai bénéficié de cours particuliers d’éducation par une institutrice.

De mon 10e à mon 17e anniversaire, j’ai fréquenté l’école supérieure à Nantes ou j’ai passé mon examen de fin d’études secondaires. Par la suite, en 1927 et jusqu’en 1933, j’ai suivi les cours du séminaire pour prêtres de St Sulpice à Paris où j’ai terminé en passant mes différents examens pour devenir prêtre. Dans l’intervalle j’ai été soumis aux obligations militaires et j’ai été intégré l’école des officiers de St Cyr, d’octobre 1929 à avril 1930, avant d’être incorporé au 117e régiment d’infanterie du Mans. J’en suis sorti en octobre 1930 avec le grade de sous-lieutenant pour rejoindre à nouveau le séminaire. De 1933 à 1935, en outre, j’ai suivi des études de prêtre à Rome. De 1935 à 1940, j’ai été vicaire à la Cathédrale du Mans.

En raison d’une blessure à la colonne vertébrale, contractée en 1939, je n’ai été rappelé aux armées que le 13.06.1940, cependant j’ai été libéré le 13.08.1940.

J’ai oublié de dire que, pendant mon séjour à Rome, après un certain nombre d’exercices militaires, j’ai été nommé lieutenant. Je crois me souvenir d’avoir participé à trois périodes, d’une vingtaine de jours, d’exercices militaires. En 1940, j’ai été nommé responsable de la jeunesse catholique du diocèse du Mans. A ce titre, j’ai eu à intervenir, au travers de sermons et de conférences, dans différentes organisations de “jeunes”. J’ai exercé cette mission jusqu’à mon arrestation ce jour.

Sur l’affaire :

De MAUPEOU d’ABLEIGES conteste énergiquement connaître l’un ou l’autre des noms cités dans le télex. (NdT : FS pour “Fernschreiben” pouvant signifier télégramme ou télex)

En conséquence, l’interrogatoire devra être mené de manière plus poussée.

Après un interrogatoire musclé :

Je persiste à nier, avec énergie, le fait d’avoir œuvrer pour une organisation de résistance. De même je n’ai jamais, en toute connaissance de cause, reçu des agents d’une telle organisation et je n’ai jamais été personnellement au service d’une puissance étrangère. Je déclare avec certitude, ne jamais avoir entendu les noms qui m’ont été cités. Je ne connais ni un “ROUCHY”, ni même un “DESCHAMPS”, “JACQUES” ou encore un “ROY”.

Le directeur des usines Renault, Monsieur UBERTI, je le connais à peu près depuis 1940 puisque je m’occupe de ses enfants. Une mademoiselle Gisèle “Paschal” ou “Fernande” ne m’est pas plus connue. Je conteste avec force d’avoir été en contact avec l’une ou l’autre des personnes citées, dans une affaire à visée d’espionnage.

Je reconnais la possibilité que, des personnes inconnues aient pu profiter de mes relations avec M. UBERTI, que je connais bien, pour entrer en contact avec lui. A la question de savoir combien de fois je me suis entretenu avec UBERTI, je réponds que je le vois très souvent, puisque j’encadre ses enfants au niveau du diocèse.

En réponse à une question : Dans l’attente de pouvoir fournir des informations complémentaires, je déclare, l’avoir rencontré au moins une fois chaque mois, depuis que je le connais ; mais au moins 30 fois en tout. Les entretiens ont été tantôt longs, tantôt courts. A deux reprises, j’ai également été invité à dîner.

Nos conversations avaient toujours pour sujet, les enfants et mon travail. Nous n’avons jamais parlé de politique.

Personne ne m’a approché, muni d’une lettre de recommandation. Je n’ai jamais été destinataire d’un tel courrier.

Je ne peux que répéter que je n’ai jamais, consciemment, été au service d’une organisation de résistance ou un bureau étranger d’information.

Si des personnes affirment que je me serais déclaré à elles dans le but d’œuvrer ensembles pour le compte d’une organisation de résistance, ou, que je leur aurais transmis des informations, je déclare à cet instant, que c’est faux et demande à être confronté avec elles. J’ai dit l’entière et pleine vérité et ne peux affirmer autre chose, avec toute ma bonne volonté,

Mention : Relu et clos

Signé : J. de MAUPEOU

Signé : Un sous-officier faisant fonction d’interprète

Signé : JANTZEN – SS – Unterscharführer – Adjudant-chef SS

Il s’agit du même document que celui identifié sous 1 : en fait je pense qu’il s’agit d’une copie du document

Le Mans, le 09.12.1943

L’interrogatoire du directeur Pierre Uberti, identifications connues, se poursuit.

A la question répétée, supposant que l’agent Deschamps m’aurait été envoyé par l’abbé de Maupeou d’Ableiges et que j’aurais répondu à ses questions concernant des détails sur la capacité et la production des usines Renault, je réponds une fois de plus avec énergie que ni Deschamps ou Rouchy, de même qu’un Jacques ou un autre dénommé Roy ne me sont connus et, que de toute manière, je n’ai absolument jamais communiqué à n’importe lequel d’entre eux de telles informations.

A la question posée de savoir si des visiteurs, m’auraient été adressés par l’abbé fin septembre, je réponds, autant que je puise m’en souvenir, un homme et une femme, à mon avis un couple marié, sont venus me voir.

L’homme s’est adressé à moi, sollicitant une embauche en tant que représentant. Je lui ai expliqué que nous ne fabriquions pas d’objets commercialisables. Il me questionna pour savoir si une embauche pourrait avoir lieu après la guerre ; je lui répondis que nos produits manufacturés sont vendus par l’intermédiaire de notre centrale de vente à Paris-Billancourt et que je ne pouvais pas embaucher de représentant.

A la demande de description de cet homme, j’explique que je ne peux en fournir qu’une description approximative parce mon regard était bien plus attiré vers la femme, qui était exceptionnellement jolie, plutôt que vers l’homme.

D’après mes souvenirs, il ne portait pas de lunettes. S’il portait une barbe, celle-ci devait probablement être très courte, mais je ne m’en souviens plus.

Il s’agissait d’un homme bien plus jeune que moi. Il était habillé avec élégance. Ce dont je puisse absolument me souvenir, c’est qu’il portait sous son bras une serviette en cuir ou une matière analogue. A la question concernant l’apparence de la femme, je réponds qu’il s’agissait d’une personne longiligne, cheveux foncés, yeux sombres, le teint foncé méditerranéen. A son accent, j’en conclus qu’elle pouvait être originaire du sud de la France, sans toutefois être de la région de Marseille.

A la question de la durée de l’entretien avec ce couple, je réponds qu’il a pu durer une demi-heure à trois quart d’heure. Entres autres, il a été question lors de cet entretien des bombardements, et je me rappelle en ayant cité l’exemple du bombardement de Rennes qu’en fin de compte, seuls les populations civiles avaient souffert et que les usines avaient été très peu touchées.

Je ne pense pas avoir eu, avec ce couple, un échange sur des questions touchant l’usine et, à ma connaissance, ils ne m’ont pas posé de questions à ce sujet et personnellement je n’avais aucune raison de le faire.

Je n’ai pas connaissance si, lors de leur passage dans l’usine, ces personnes ont obtenues des renseignements sur l’usine. Ce n’est pas impossible, puisque chaque ouvrier a parfaitement connaissance de la production.

Sur l’affaire :

Après que l’agent chargé de l’interrogatoire a soumis à Uberti le mémoire qu’il avait consigné dans un rapport spécial, Uberti déclara :

Je vais maintenant rapporter les détails tels qu’ils se sont produits car je reconnais que mon action était certes de protéger l’usine de nouveaux bombardements, mais que d’un point de vue personnel, je n’ai pas agi correctement. Je demande à consulter le registre des visiteurs de l’usine, car à l’appui de cette liste je pourrais fournir des détails et les dates.

Sur l’affaire :

L’interrogatoire a été interrompu ; le signataire du présent rapport et le responsable SS Windisch se sont rendus, avec Uberti, en automobile aux usines Renault, où Uberti, à l’aide de la liste, pourrait apporter les preuves concernant les noms et les dates des différents visiteurs.

La liste a été récupérée à titre de pièce à conviction, la liste était indexée au stylo par des annotations et respectivement, des croix.

L’interrogatoire se poursuit :

A peu près une semaine avant le 30.08.1943 j’ai reçu un appel téléphonique de l’abbé de MAUPEOU d’ABLEIGES, Jean, m’invitant à me rendre chez lui. Je pensais qu’il s’agissait d’une affaire concernant mon fils et lui rendis visite à son domicile.

A cet endroit, se tint à peu près cet entretien :

“Vous avez déjà été bombardés. Il est possible que vous le soyez à nouveau”.

Je rétorquai ; “Pour qui se situe le danger d’un deuxième bombardement ? Sont-ce les usines Renault du Mans ou les usines Renault de Billancourt qui sont visées ?

L’abbé : “Les deux (Je ne me souviens plus de la terminologie exacte, mais je pense qu’il l’a formulé ainsi)”.

Sur ce, moi : “Il est ridicule de bombarder des usines dont la production joue un rôle insignifiant dans la production totale de matériel de guerre. Par ailleurs, les bombardements des américains provoquent plus de dégâts auprès de la population civile que dans les entreprises industrielles. Considérez seulement le bombardement de la ville de Rennes, et de l’entreprise locale Gnome et Rhône”. Au fil de la conversation, l’abbé me rendit attentif au fait que j’avais la possibilité de protéger les populations environnantes des usines Renault et l’usine elle-même, si j’acceptais de rencontrer un homme qu’il se proposait de m’envoyer. Sur ce, j’approuvais cette rencontre.

Le 30.08.1943, un homme se présenta, qui s’inscrivit dans la liste des visiteurs comme étant Monsieur MAUPEOU du Mans, mais qu’il n’avait pas de lien avec l’abbé de MAUPEOU. A l’aide de la liste des visiteurs, je peux prouver précisément l’heure exacte à laquelle j’ai reçu ce monsieur.

Il a pénétré dans l’enceinte de l’usine à 11h10 et l’a quitté à 13h. Questionné sur sa description, je déclare que je ne suis pas en mesure de fournir une description détaillée de cet individu. D’après mes souvenirs, il était un peu plus grand que moi, pas spécialement élégant ou habillé de façon voyante. Dans le cadre d’une confrontation, il est bien évident que je pourrais le reconnaitre facilement.

Cet homme, se réclamant de l’abbé de MAUPEOU lorsqu’il se présenta, me raconta tout d’abord que les usines de Billancourt et celles du Mans seraient bombardées prochainement. Sur ce, j’ai essayé de lui expliquer avec tous mes moyens et toute ma persuasion que le bombardement des usines Renault était un non-sens. J’ai fait référence, d’abord, à l’inutilité d’un bombardement et sa conséquence sur la production globale, pour insister ensuite sur l’énorme sacrifice et la cruauté à laquelle devait faire face la population civile.

Sur ce, l’homme, dont je ne connaissais toujours pas la véritable identité, me pria de lui prouver la capacité de production de l’usine du Mans afin qu’il puisse l’évaluer et en référer, dans l’intérêt de l’usine.

J’ai ensuite essayé de minimiser au possible la production de notre usine et lui ai dit, à titre d’exemple, que notre usine de Billancourt qui occupait 40.000 ouvriers avant-guerre et fabriquait 400 automobiles par jour, ne comptait plus aujourd’hui que 8.000 ouvriers et qu’ils ne produisaient plus que 15 automobiles par jour.

Ensuite, j’ai pu lui expliquer que si l’usine de Billancourt ne produisait que si peu, l’usine du Mans n’avait aucune raison d’augmenter sa production puisqu’en fin de compte, le Mans ne produisait que des pièces détachées pour l’usine de Billancourt.

Je ne me suis pas exprimé directement sur les capacités de production mais seulement sur la forme, j’ai simplement indiqué que le chiffre de production de Billancourt était de 15 automobiles par jour, et que nous produisions pour eux les pièces détachées nécessaires à cette production.

A l’aide des données que je lui ai fournies, il pouvait aisément calculer ou se faire une idée sur les capacités de production de notre usine. Nous avons ensuite discuté de l’insignifiance des différents départements comme par exemple, la fonderie, etc.

Sur ce l’homme m’interrogea pour savoir si nous participions à la fabrication d’avions.

Je lui répondis que nous avions bien travaillé, dans le passé, pour l”industrie aéronautique, mais que les machines qui ont servi à ces fabrications étaient aujourd’hui, pour cause d’usure, hors d’usage.

Au moment de cet entretien, mes spécifications étaient exactes, par contre j’avais largement exagéré la durée nécessaire à la reprise d’une activité (NdT : probablement après le bombardement).

Afin de terminer cet entretien, je réitérais mes propos à cet homme, affirmant qu’une production aussi limitée telle que celle qui était réalisée dans notre usine, ne justifiait pas un bombardement qui sacrifierait inutilement énormément de vies humaines parmi la population civile.

Je lui demandais enfin ; Espérez-vous entrer en contact avec des personnes qui pourraient s’engager à ne pas bombarder Le Mans et avant tout l’usine Renault ?

J’ai obtenu pour réponse : “Je ne sais pas, mais je vous en aviserai prochainement”.

Je lui demandai ensuite : “Dans le cas où un bombardement serait inévitable, pourriez-vous au moins demander à vos amis de vous communiquer la date prévisible de ce bombardement, pour que nous ayons la possibilité de sauver des vies humaines.

“J’eu la réponse suivante “Oui, je l’espère”.

Après m’avoir salué, l’homme s’éloigna.

Je ne me rappelle plus avoir eu connaissance du nom de cet homme. Jusqu’au 06.10.1943 je n’ai plus entendu parler de cet homme.

Sans être annoncé, le même homme réapparu le 06.10.1943, accompagné de la femme que j’ai déjà décrite sur le feuillet 1 de mon deuxième interrogatoire de ce jour ; dans la liste des visiteurs, ils se sont inscrits sous :

Mme et M. Guéno de Paris

La visite a durée peu de temps, ils sont restés de 10h40 à 11h25 dans l’enceinte de l’usine. Le prétendu Guéno ne m’a pas présenté la dame comme son épouse. Mais, il la tutoyait, et il me semblait qu’il pourrait s’agir de son épouse. Je posais immédiatement deux questions au prétendu Guéno, c’est-à-dire : “Question 1, serons-nous bombardés ?

Réponse : “Je ne sais pas”.

Question 2. “Aurons-nous des informations sur l’imminence d’un bombardement, et la date nous sera-t-elle communiquée ?”. Réponse : “Non”.

Sur ce, j’étais très en colère qu’il me puisse ainsi me voler mon précieux temps, sans m’apporter une réponse positive. Je renouvelais mes reproches à cet homme (Guéno) en lui rappelant l’absurdité de bombarder une ville, prenant comme exemple le bombardement de l’usine Gnome et Rhône.

La femme écouta notre conversation, mais ne s’y mêla d’aucune façon.

Sur ce, l’entretien prit fin et les deux personnes quittèrent l’usine. Je me rappelle encore, afin que je puisse me débarrasser d’eux plus rapidement, les avoir conduit moi-même en ville avec une automobile.

J’ai été mal compris, en fait je ne les ai pas emmenés moi-même, mais c’est mon chauffeur qui les a conduits en ville. Mais ce dernier (NdT : le chauffeur) ne sait pas de quelles personnes il s’agissait.

A la question, si dans l’intervalle, l’abbé de MAUPEOU s’était rapproché de moi, s’agissant de cette affaire ; je réponds, d’après mes souvenirs et, après la deuxième visite du prétendu Guéno, le 06.10.1943, il vint me rendre visite un soir, à mon domicile. Je ne peux pas donner le jour exact de cette visite. Je sais seulement que c’était après le 06.10.1943.

L’abbé était venu chez moi pour le repas du soir, et, à cette occasion je l’ai emmené à l’écart et lui ai dit que je ne souhaitais pas continuer à maintenir le lien (NdT : ou le contact) avec les personnes qu’il m’avait envoyé, car en fait il n’avaient fait que me faire perdre mon temps et, que de toute façon, l’entretien n’avait pas été productif. Sur ce, l’abbé me dit qu’il comprenait mon propos. Du reste, ce soir-là, et même par après, nous n’avons plus parlé.

Il m’est reproché, qu’entre mes premières déclarations, s’agissant du nombre de mes rencontres personnelles avec l’abbé de MAUPEOU, et les déclarations de cet abbé, il subsiste de grandes différences quant au nombre ; je déclare une fois de plus, que j’ai rencontré l’abbé à cinq reprises, tout au plus, à l’occasion de ses visites à mon domicile, y compris ma visite citée précédemment, le jour où je me suis rendu à son domicile pour m’entretenir personnellement avec lui.

Je suis surpris que l’abbé affirme que nous nous sommes vus chaque mois, et parfois même deux fois par mois, à mon domicile. Rien de cela ne m’est connu. Cependant, mon épouse est profondément croyante et il existe la possibilité que les fréquentes visites de l’abbé m’aient été dissimulées.

Le jeudi 14.10.1943, la femme que j’avais rencontrée le 06.10.1943 avec le prétendu Guéno, vint me rendre visite, seule.

L’inscription au registre des visiteurs est :

“Mme Guéneau”

Sans autres informations, ni adresse.

Le temps de sa présence à l’usine dura de 15h20 à 15h55. Sa visite eu lieu sans raison évidente (NdT : on pourrait également l’interpréter par “sans justification particulière”) et il se développa un dialogue qui n’avaient que peu de choses à voir avec nos entretiens précédents.

En réponse à votre question ; Je me souviens que la tenue de cette femme était très coquette, et elle était particulièrement bien de sa personne.

Je me rappelle également qu’elle avait fait une allusion sur le fait qu’elle avait très mal déjeuné à midi, et je compris qu’elle aimerait bien dîner avec moi.

Je lui expliquai d’emblée, que je n’avais absolument pas de temps à lui consacrer car j’avais reçu une convocation à la Gestapo, 92 Rue des Fontaines, où je devais me rendre. Et, comme je devais m’y rendre immédiatement, elle resta dans l’usine, pendant que je me rendis à la Gestapo.

Je fis conduire la prétendue Mme Guéneau en ville par une autre voiture. Depuis cette date je n’ai jamais revu cette femme et personne ne m’a contacté.

Sur l’affaire elle-même, je ne peux pas fournir d’autres informations.

Je déclare, une fois de plus, que je n’ai agi que dans l’intérêt de l’usine et en compassion de la population qui pourrait être soumise aux conséquences d’un bombardement.

Mention : Relu et clos

Signé : UBERTI

Signé : Un sous-officier faisant fonction d’interprète

Signé : JANTZEN – SS – Hauptscharführer – Adjudant-chef SS

IV E

Le Mans, le 10.12.1943

Est présenté à nouveau, le placé en détention préventive Abbé de Maupeou d’Ableiges, identifications connues, exhorté à dire la vérité, celui-ci explique en premier lieu qu’il a dit la vérité jusqu’à présent.

Un nouvel interrogatoire plus intense a été nécessaire, il consent enfin à dire toute la vérité.

J’ai noté dans mon cahier une adresse, qu’un homme de Paris m’a fournie, avec la remarque qu’il ne pouvait pas me fournir son identité exacte –  mais si je voulais lui transmettre des informations, je pouvais lui écrire à cette adresse.

Jean Blanchard, Paris, IX Arrondissement, 11, Rue de Liège.

Cet homme, qui m’avait fourni une adresse de couverture ci-dessus, me rendit visite, à mon domicile à peu près fin août – début septembre. A la question de savoir de quelle façon cet homme l’avait approché, de MAUPEOU déclare :

Cet homme m’a remis un écrit d’un homme qui m’est bien connu et, c’est pourquoi j’ai eu confiance en lui.

En réponse à la question, que tout cela ne peut être que faux, de qualifier un homme de bonne connaissance qui en outre m’aurais remis un écrit et dont je ne puisse donner le nom ; je déclare : en fait je ne me souviens plus exactement si l’homme m’a apporté une lettre de recommandation ou s’il ne m’a transmis que des salutations verbales.

A la question que cette affirmation paraît tout aussi improbable, je me dois d’insister sur le fait que je ne rappelle pas de ce nom.

A la demande insistante, je reconnais maintenant que cet homme qui m’a rendu visite et qui me donna l’adresse de couverture précitée, me déclara ouvertement qu’il était au service des anglais et qu’il avait besoin d’informations sur Le Mans.

Je lui ai dit, que je lui serais volontiers utile. Sur ce, je me suis mis en relation avec le directeur des Usines Renault, M. Uberti, qui m’est connu. J’ai téléphoné à ce dernier pour le prier de me rendre visite à mon domicile.

Lors de sa visite, j’ai dit à Uberti que j’avais rencontré un agent anglais et lui ai demandé s’il souhaitait le rencontrer.

Je lui ai dit, textuellement, ce qui suit : Monsieur Uberti, j’ai reçu la visite d’un agent qui travaille pour les anglais, il cherche des informations sur la production de votre usine, voulez-vous le recevoir ?

Uberti répondit : “Envoyez le moi”

Sur ce, nous avons fixés la date à laquelle l’agent pouvait le rencontrer. Il me semble que c’était un lundi.

C’est ainsi que se termina mon entretien avec Uberti, et il prit congé.

Le jour où, l’agent dont je ne peux donner le nom exact, car il avait catégoriquement refusé de me le donner, se rendit à l’usine afin de rencontrer Uberti, j’étais absent du Mans.

C’est pourquoi je n’ai pas vu cet homme à cette occasion.

A la question de savoir comment j’avais informé cet homme de la rencontre que j’avais organisée avec Uberti, je déclare que j’ai soit écrit à l’adresse de couverture BLANCHARD ou peut-être même envoyé un télégramme.

C’est pour cette raison que je n’ai pas revu cet homme. Je peux même me rappeler maintenant que je lui ai certainement télégraphié car sinon la date prévue de la rencontre ne lui serait pas parvenu à temps par courrier.

A la question : Quel texte j’ai utilisé pour envoyer ce télégramme et, où j’ai posté ce télégramme ; je déclare que je l’ai transmis depuis mon domicile, par appel téléphonique de la poste du Mans, avec le texte suivant :

“Accord pour lundi – signé MAUPEOU”

En réponse à la question: Je sais que l’homme (adresse de couverture BLANCHARD) était au Mans le lundi concerné, mais à une date dont je ne me souviens pas, et qu’il a vu Uberti à l’usine Renault.

En réponse à la question : J’ai eu connaissance de ce fait a peu près huit ou quatorze (NdT : Cf. au texte) jours après la réussite de l’entrevue, à l’usine entre UBERTI et l’agent, par UBERTI lui-même. Je ne peux pas témoigner avec certitude si c’était par hasard ou à l’occasion d’une visite à son domicile.

En réponse à la question : Si j’ai continué, à rester en contact, et comment, avec cet agent, je déclare :

“A travers l’adresse de couverture de BLANCHARD”.

En réponse à la question : je déclare que début septembre – je ne peux donner une date précise – l’agent, accompagné d’une dame, est venu me voir ; il m’a informé qu’il ne pourrait pas venir me voir souvent, car il était très occupé par ailleurs. A sa place viendrait la femme qui m’avait été présentée et qu’elle me rendrait visite souvent.

En réponse à la question: Combien de fois la dame m’avait rendu visite, je déclare que, outre l’unique fois où j’ai fait sa connaissance, elle est venue me voir à deux reprises, mais seule.

A l’occasion de ces rencontres, elle me demanda à chaque fois de lui fournir des informations sur les troupes stationnées ici, leurs forces et leur répartition mais aussi sur les mouvements de troupes.

Comme je ne pouvais lui fournir des informations importantes, je lui ai seulement donné la situation de la “Kommandantur” et sur les casernements des troupes, je la renvoyais vers Uberti.

En réponse à la question: Je sais, qu’au moins une fois, elle a rencontré UBERTI à l’usine.

Sur la nature de ce qu’elle a appris d’Uberti, je ne le sais pas et cela ne m’a pas été communiqué.

Depuis quand je n’ai plus eu de contact avec les agents et avec l’agent féminin; je ne peux plus le préciser avec certitude, d’après mes souvenirs, j’ai rencontré l’agent féminin pour la dernière fois, mi-octobre.

En réponse à la question : Je déclare que c’est bien la femme que j’ai vu pour la dernière fois mi-octobre.

D’autant que je m’en souvienne, j’ai vu l’agent lui-même la dernière fois lorsqu’il m’a présenté l’agent féminin comme sa représentante.

En réponse à la question : je déclare qu’à propos de la transmission d’informations aux deux agents, je n’ai été en contact avec quiconque d’autre, hormis UBERTI, et que je n’utilisais pas les services d’un informateur.

Comme je l’ai évoqué précédemment, je n’ai pu fournir à l’agent féminin, et suite à sa demande, que des informations limitées c’est pourquoi je l’ai renvoyé vers UBERTI.

Il m’est reproché, qu’entre les déclarations d’UBERTI et les miennes il y avait des contradictions importantes et je déclare que j’ai dit l’entière vérité.

Il m’est reproché les contradictions suivantes :

1.) Uberti ne l’a (NdT: l’abbé) rencontré et, ne s’est entretenu personnellement avec lui, qu’à cinq reprises.

2.) Uberti déclare, qu’à propos de la manière avec laquelle s’est réalisée la rencontre avec les agents par l’intermédiaire de l’abbé MAUPEOU, ce qui suit :

“Sur la base d’un appel téléphonique, j’ai rendu visite à l’abbé à son domicile et celui -ci m’a dit que, l’usine que je dirige a déjà été bombardée et qu’il est possible qu’elle le serait à nouveau.”

A ma question, de savoir pour qui existait la menace d’un deuxième bombardement, que ce soit pour l’usine du Mans ou pour celle de Billancourt, l’abbé me déclara : “Pour les deux”.

“Après une longue conversation de savoir si l’opportunité ou l’inopportunité d’un bombardement reposait entre mes seules mains (NdT : d’Uberti), je tentais de le dissuader de procéder au bombardement des usines et de la population. Il pouvait me recommander un homme, qui avait entre ses mains le pouvoir, d’empêcher cela. C’est seulement à cette condition que j’acceptais de rencontrer cet homme

En réponse à la question expresse du point 1.), je déclare que ce qu’a déclaré Uberti est exact. Dans la plupart des cas, lors de mes visites au domicile d’Uberti, je ne l’ai pas rencontré.

En réponse à la question expresse suivante au point 2.), je me dois de déclarer que les informations que m’a fournies Uberti, tel que vous m’en avez fait la lecture, en français et à l’instant, sont conformes, en totalité et mot à mot, à la vérité.

En réponse à la question : Pourquoi n’ai-je pas décrit depuis le début comme étant la vérité, ce que nous considérons maintenant comme des faits établis ; je déclare qu’au début de mon interrogatoire, et c’est ce qui a été consigné par écrit, je ne me rappelais plus précisément des détails de l’affaire et que je ne m’en suis rappelé qu’après un interrogatoire “poussé”.

Je déclare une fois de plus, que j’ai dit maintenant l’entière vérité.

Je ne voulais pas charger Uberti, qui avait été entraîné par moi dans cette affaire, et le couvrir.

En réponse à la question : Pourquoi j’avais répondu à la suggestion de l’agent (adresse de couverture Blanchard), je déclare :

1.) parce qu’en tant que français j’ai tellement de fierté nationale, que j’ai trouvé insupportable l’occupation de ma patrie par les troupes allemandes et

2.) en tant qu’ancien officier de l’armée française, qui a cinq frères en captivité en Allemagne, je me devais de faire mon possible pour libérer ma patrie de l’occupation étrangère.

Je suis prêt, même sans condition particulière, à fournir des informations sur les liens au sein de la résistance, à condition qu’ils m’en viennent à l’esprit.

Je demande la remise de mon calepin, car il me vient à l’esprit à l’instant que je pourrais y trouver des adresses qui sont en relation avec cette affaire.

A l’instant, j’ai découvert l’adresse suivante :

Charvet, Paris XIIIe arrondissement, 134 Rue de Tolbiac

Adresse dont je pense, et presque avec certitude, pouvoir affirmer qu’il s’agit de l’adresse de l’agent féminin que j’ai cité à plusieurs reprises au cours de mon interrogatoire.

Les noms qui m’ont été cités une nouvelle fois – noms qui sont inscrits dans un écrit spécifique – me sont totalement inconnus ; par ailleurs, je ne les ai pas consignés dans mon calepin ; de même, que ces noms ne m’ont jamais été cités par les deux agents.

J’ai maintenant dit l’entière vérité et je demanderais immédiatement un contre interrogatoire, si quelque chose ayant un rapport avec cette affaire, devait me revenir.

Mention : Relu et clos

Signé : J. de MAUPEOU

Signé : Un sous-officier faisant fonction d’interprète

Signé : JANTZEN – SS – Hauptscharführer – Adjudant-chef SS

Le Mans, le 10.12.1943

Rapport complémentaire au 2e interrogatoire de Pierre Uberti, directeur des usines Renault du Mans, références indiquées dans les premières notes, page 2 de l’interrogatoire :

Aux déclarations d’Uberti concernant la physionomie du couple soi-disant inconnu qui lui a rendu visite et au sujet duquel Uberti a affirmé qu’il se serait intéressé plus particulièrement pour l’apparence de la femme au lieu de l’homme, il apparut au signataire de ce rapport (NdT : le SS-Hauptscharführer) qu’Uberti avait un léger penchant pour les belles femmes.

Au cours de sa réflexion, il apparut au signataire de ce rapport, des similitudes avec une affaire en cours d’instruction du mis en examen Maurice Vasseur et il en résulta le constat suivant.

Le service de renseignement des mouvements de résistance, tout comme les services de renseignements étrangers, démarchent des dirigeants d’entreprises, respectivement des propriétaires d’usines, qui mettent sans retenue, leurs entreprises à la disposition de l’industrie de guerre allemande et qui mettent tout en œuvre afin de les amener à une capacité de production maximale.

De plus, les services de renseignement étudient les légèretés et les faiblesses de ces dirigeants, afin d’obtenir des points d’entrée au bénéfice de la résistance, respectivement du service de renseignement étranger.

Les services de renseignements ne reculent devant aucune méthode pour se rapprocher des dirigeants d’entreprises dont il est question.

Comme dans le cas de l’affaire Vasseur, l’ami Roger, sous le couvert de l’affirmation que son usine serait soumise prochainement à un bombardement, avait essayé de l’appâter (NdT : Vasseur) pour le convaincre de coopérer (NdT : avec la résistance), le service de renseignement (NdT : pour N. D., correspondant à Nachrichtendienst) de la résistance réussit à convaincre l’abbé de MAUPEOU pour qu’il intervienne auprès d’Uberti – prétextant le fait que l’usine qu’il dirige serait bombardée prochainement et que ce bombardement ne pouvait être empêché que par le fait qu’Uberti se mette au service du SR (Ndt : pour service de renseignement) de la résistance – pour qu’il communique à l’agent spécial qui lui a été envoyé le nom de couverture “Blanchard”, alias “Deschamps”, alias “Rouchy” des informations sur les capacités de production de son usine.

Sans aucun doute, l’explication, tendant à faire croire à leurs dirigeants que leurs usines pourraient être soumises à un bombardement, ne serait utilisée qu’à titre de leurre pour soumettre plus facilement ces dirigeants.

En réalité, le S.R. de la résistance chercherait simplement à obtenir deux buts, à savoir :

D’une part, ils cherchent à obtenir des informations matérielles ;

D’autre part lorsque, d’une manière ou d’une autre, les dirigeants, dont il est question, seraient récalcitrants, de les faire reconnaître par les autorités allemandes – pour lesquelles ils ont d’ores et déjà travaillé en augmentant leurs capacités de production – et, si nécessaire de les afficher comme des collaborateurs ou des informateurs ayant déjà contribués à l’arrestation par la police allemande, d’agents de renseignements.

Les mouvements de résistance ont ainsi en vérité atteint un triple résultat.

1.) Obtenus des renseignements

2.) Faire arrêter par les autorités allemandes, les dirigeants d’entreprises réfractaires et ainsi de faire régner, consciemment, l’incertitude vis-à-vis des autorités allemandes, auprès des autres dirigeants et, par ailleurs, de diffuser une efficace propagande sur le traitement peu loyal que l’on fait subir aux dirigeants connus comme sympathisants franco-allemands.

3.) A travers l’arrestation victorieuse de tels dirigeants, d’avoir réussi de toute évidence à faire diminuer les capacités de production des usines travaillant pour l’industrie allemande.

La similitude des cas précités, VASSEUR et UBERTI, devrait inciter à procéder, localement, à des vérifications poussées sur des cas semblables ayant apparus, afin de pouvoir vérifier ainsi, que les réflexions du signataire, sur la possible et raffinée méthode de travail des mouvements de résistance et des services de renseignements étrangers, sont fondées

Si tel était le cas, il serait approprié que les dirigeants d’entreprises, qui travaillent positivement pour l’économie des équipements militaires, soient rendus attentifs sur les méthodes de travail de la résistance et du S.R., car en allusion au présent mémoire, il déclara impulsivement (NdT :Uberti), qu’il avait été justement mis au courant très souvent par les autorités allemandes concernant l’espionnage et le contre-espionnage de la Résistance mais que les méthodes décrites précédemment ne lui étaient pas connues, sinon il ne serait pas tombé dans cette astuce.

Il serait également à remarquer que, tous les agents étrangers sont persuadés que jamais un français ne livrerait un autre français aux autorités allemandes comme cela a pu être constaté et prouvé par les faits dans ces deux affaires

Signé : JANTZEN – SS – Hauptscharfürher (Adjudant-chef SS)

Certificat d’admission

Le ressortissant français, Abbé de MAUPEOU d’Ableiges, né le 16.08.1908 à Gray en Haute Saône, domicilié au Mans, 14 rue du Dr Leroy, ecclésiastique, est incarcéré à la prison du Tribunal du Mans pour activités d’espionnage au sein d’une organisation de résistance, il reste à la disposition du Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à ANGERS – Annexe extérieure du Mans.

Signé : SS – Unterscharführer – Adjudant-chef SS

Mention manuscrite :

Admis le 10.12.1943 à 8h

Signé : Feldwebel – Adjudant

Avis d’admission

Le Mans, le 10.12.1943

Nom : UBERTI

Prénom : Pierre

Date de naissance : 03.11.1894 à Commentry / Allier

Religion : Catholique

Profession : Directeur d’usine

Nationalité : Français

Domicile : Le Mans, 51 Rue de la Fuie

Date et heure de l’admission : 10.12.1943 – 3h15

Service en charge de l’admission : Police du Mans

Raison de l’admission : Mouvement de résistance

Personnel de la Wehrmacht : Non

Remarques : —

Signatures

Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à ANGERS

Annexe extérieure du Mans

Références : IV E – 437/43 g .-

Le Mans, le 10.12.1943

SECRET

Au Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à ANGERS

Concerne : Organisation de résistance “Resistance”

Précédent : Télégramme joint du 25.11 et du 07.12.193 – IV E – 1940/43 et rapport par télex du 09.12.1943

Pièces jointes : 26

En pièce jointe, je transmets les protocoles des interrogatoires, en relation avec l’affaire précitée, des incarcérés :

1.)   Directeur des Usines Renault du Mans, Pierre Uberti, né le 03.11.1894 à Commentry dans l’Allier,

2.)   Abbé de Maupeou d’Ableiges, Jean, Gilles, Marie, né le 16.08.1908 à Gray en Haute-Saône

en double exemplaire pour information et en prévision d’autres mesures.

Des aveux complets ont été obtenus des deux personnes, et les deux ont été incarcérés à titre préventif à la prison du tribunal, section allemande.

J’insiste particulièrement sur les noms et adresses qui ont été révélés au cours des interrogatoires :

Guéno de Paris (voir page 5 du mémoire)

Guéneau (voir page 7 du mémoire)

Blanchard, Jean, Paris, IX arrondissement, 11 Rue de Liège (Page 8 du mémoire)

Charvet, Paris, XIII arrondissement, 134 Rue de Tolbiac (Page 11 du mémoire)

En outre, je me réfère aux pages 12 et 13 du rapport administratif joint.

Le responsable de l’Annexe extérieure du Mans

TEUFEL – SS – Obersturmführer – Lieutenant SS

Mention manuscrite en allemand :

A suivre

Mention en allemand :

01.01.1944

Sollicitation de Monsieur Maupeou concernant son fils, qui a subi en 1938 une grave opération chirurgicale, pour lui apporter ses repas de midi tous les jours à la prison.

Mention manuscrite en allemand :

A suivre

03.01.1944

Mentions manuscrites en allemand :

Le Mans, le 23.01.1944

Références : 437/43g

Concerne le prisonnier, ressortissant français, Abbé de Maupeou d’Ableiges, né le 16.08.198 à Gray en Haute-Saône

Dans l’intervalle, sur instruction du Commandement d’Angers et conformément aux instructions sur les xxxxxxxxxxxx prisonniers, a été transféré dans le camp de Compiègne.

Le transfert a été effectué le 17.01.1944 avec xxxx

A suivre

Le Mans, le 17.12.1943

Traduction

La personne autorisée – Thir. – rapporte :

Uberti, directeur des Usines Renault, domicilié 51, Rue de la Fuie au Mans, pratique la chasse sur le terrain d’un ami avec deux collègues (Duchassaing et Culard) – les deux faisant également partie du personnel des usines Renault.

Il est éventuellement à vérifier qui a remis des fusils aux trois précités et qui a fourni l’autorisation de chasse.

Visé : Uberti

Signé : THI

Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à ANGERS

Annexe extérieure du Mans

(NdT: le tampon du présent document porte la date du 27.12.1943)

(Début illisible)

A verser aux actes Uberti – de Maupeou

A Suivre

Le Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à ANGERS

Réf. : IV E – 1940/43 g H. / E.

Angers, le 14.02.1944

SECRET

Au Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS au Mans

Concerne : Organisation de résistance “Résistance” (NdT; mot résistance barré avec un ?)

Précédents :

Rapport du 10.12.1943, IV E 4 37 / 43 g

Interrogatoire du SS-Obersturmführer (NdT : Lieutenant SS) Teufel et du SS-Oberscharführer (NdT : Adjudant) Jantzen du 12.2.1944

Concernant le dénommé Uberti, en situation douteuse, et conformément à mon entretien avec les personnes citées supra, je demande que soit mis en place la détention préventive de niveau 1.

A suivre

Ecrit

Référence : SSD (NdT : Sondersicherheitsdienst pour Service spécial de Sécurité) – SECRET

Emane : Angers, le 03.03 à 09h55

Arrivé : Le Mans, le 03.03 à 10h05De : SIPO (Sipo, pour Sicherheitzpolizei, Police de Sécurité)

Concerne : Incarcération du directeur des Usines Renault, Uberti

Sur instruction du BDS (NdT: le Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des SD, le commandant de la Sipo Helmut Knochen) à Paris, la mise en incarcération préventive d’Uberti pour actions subversives, est à prendre pour le moment avec mesure. D’autres instructions à venir.

Sipo Angers

IV E 1940/43 g

NB : Le document (cachet) est daté du 13.03.1944

Le Mans, le 17.03.1944

Ordre de libération

Avec effet de ce jour, le ressortissant français

Pierre Uberti

Est libéré de la prison du tribunal du Mans.

Le responsable de l’Annexe extérieure du Mans

SS – Obersturmführer – Lieutenant SS

Mentions manuscrites

IV E – 437/43 g

Le Mans, le 07.06.1944

A suivre

Le Mans; le 17.03.1944

Déclaration

Ce jour, j’ai été informé que j’étais libéré suite à mon incarcération.

J’ai été informé que mon cas était grave.

Je déclare que je vais m’employer, de toutes mes forces, à continuer à œuvrer pour la direction de l’usine. De plus, je suis conscient que ma libération est liée et que les décisions futures me concernant seront dépendantes de mon investissement pour l’usine.

Je souligne une fois de plus que je vais consacrer, comme à mon habitude, toutes mes forces à l’usine et que je n’ai aucune velléité de tentative de fuite.

J’ai été informé qu’il m’est interdit de parler, avec d’autres personnes, des détails de mon affaire.

A chaque fois, j’informerais immédiatement les autorités allemandes, dès qu’une personne aura cherché à m’approcher pour obtenir toute information concernant l’usine, la production ou si n’importe quelle organisation, qui serait opposée aux intérêts allemands, chercherait à me gagner à sa cause.

Signé : Pierre Uberti

La déclaration ci-dessus a été lue à l’intéressé en français

Télégramme N° 489 – Emission 12.43 -13h00

SECRET – URGENT – A SOUMETTRE IMMEDIATEMENT

Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à ANGERS

A l’attention du Hauptsturmfüher, Dr. Ernst ou son représentant

Concerne : Organisation de résistance “RESISTANCE” (NdT : cf. au texte)

Important : Aujourd’hui à l’aube, l’abbé Abbé de Maupeou d’Ableiges, Jean, Gilles, Marie, né le 16.08.1908 à Gray en Haute-Saône, domicilié au Mans, 14 rue du Dr Leroy, et le directeur de l’usine Renault du Mans, Pierre UBERTI, né le 03.11.1894 à Commentry dans l’Allier, domicilié au Mans, 51 Rue de la Fuie ont été interpellés.

Les deux nient farouchement connaître les personnes citées dans le télégramme précédent, respectivement avoir communiqué des informations.

S’agissant d’Uberti, le commandement des matériels de guerre tiens à préciser ce qui suit ; Uberti est le cœur et l’âme de l’usine d’équipement la plus importante de la région.

C’est un excellent professionnel et le service chargé des commandes d’équipement a réalisé avec lui les meilleures expériences.

Confiance de son chef à Paris.

Démontré qu’il produit plus avec moins de salariés.

Travaille bien au-delà des espérances à l’inverse d’autres dirigeants français.

Prévoir l’intervention des plus hautes autorités allemandes.

En considération de l’importance d’UBERTI pour l’industrie de l’armement et des équipements militaires, Demande instamment que soit prise la décision de maintenir U. en détention ou si U. doit être transféré Ici, aucune investigation supplémentaire ne pourrait être menée.

Signé :

Signé : Le directeur de l’Annexe extérieure du Mans

Teufel

SS – Obersturmführer

Fin de la réception 13h30

Télégramme N° 491 – Emission 09.12.43 -16h20

SECRET – URGENT – A SOUMETTRE IMMEDIATEMENT

Commandement de la Police de Sûreté et du Service de Renseignement de la SS à ANGERS

A l’attention du Hauptsturmfüher Dr. Ernst ou son représentant

Dans le télégramme transmis précédemment, le nom de l’incarcéré est à rectifier en “Jean”, “Gilles”, “Marie”, né le 16.08.1908.

Centre de télégramme

Télégramme (pas de référence) – Emission (pas de date)

SECRET – URGENT – A SOUMETTRE IMMEDIATEMENT

A l’attention de la Police de Sureté du Mans

Concerne: Arrestation du directeur des usines Renault du Mans, Uberti

Sur instruction du BDS à Paris, et en raison de multiples interventions; prendre du recul sur la mise en détention d’Uberti.

D’autres instructions suivent.

Signé :

SS- Sturmscharführer – Adjudant SS

1 réflexion sur « L’Arrestation de l’abbé Jean de Maupeou et de Pierre Uberti par la Gestapo du Mans, le 9 décembre 1943 – archives traduites par Jacky Robert Ehrhardt »

  1. Jacky EMERY

    Bsr, dans le cadre de recherches que je fais sur les crashs d’avions alliés en Sarthe durant la guerre, je viens de découvrir votre document.
    J’ai pas tout lu… Manque de temps. Mais j’y viendrais.
    Par contre vous évoquez à un moment (annotation n°7) l’action De Maupeou/Uberti qui aurait eu un lien avec le bombardement du 4 juillet 1943. Celui du 4 juillet 1943 a bien eu lieu à midi et c’était bien un dimanche. Mais l’objectif était Gnome et Rhône. On ne peut pas écarter une mission spéciale sur ce que les alliés appelaient des “cibles d’opportunité!” qui en général étaient proches de la cible principale… Le bombardement du 9 mars 1943 a eu lieu un mardi à 18h45 et avait comme objectif Renault. Alors après 70 ans… Il se peut que les souvenirs se brouillent… Autre date. Dans la nuit du 19/20 mai 1944 un bombardier Halifax est tombé dans l’enceinte de l’usine. Auriez-vous des infos à ce sujet? Par avance merci. Bonne soirée. Jacky EMERY

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.