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EXPOSE de Monsieur LEFAUCHEUX à la CHAMBRE SYNDICALE DES CONSTRUCTEURS D’AUTOMOBILES, le 25 février 1948.

Source : document aimablement communiqué par M. Christian Mory

LEFAUCHEUX intitule son exposé « Cas LOUIS RENAULT ».

Il parle des éloges en public adressés à Louis Renault. Il ne considère pas que ces éloges constituent une attaque personnelle contre lui. Il prétend n’être pour rien dans la nationalisation de Billancourt.

Si ces éloges n’atteignent pas LEFAUCHEUX sur le plan personnel, il voit ces éloges prendre une forme de critique contre la Régie, que ses auteurs n’ont probablement pas voulue.

La nationalisation de RENAULT s’est faite avec un exposé des motifs disant que c’était l’attitude de L. R. qui avait servi de base à la nationalisation.

Si donc on loue L. RENAULT, on effectue une attaque contre le principe même des nationalisations. S’il est ainsi LEFAUCHEUX serait obligé de prendre position en attaquant L. R. Il ne voudrait pas le faire. Et il serait d’ailleurs gêné de le faire, car la plupart de ses anciens collaborateurs ont gardé du respect et de l’affection pour L. R.

LEFAUCHEUX n’a jamais attaqué sa mémoire. Il y a le RENAULT jeune devant lequel tout le monde s’incline. Puis il y a eu l’homme malade et vieilli qui a pu commettre les erreurs qu’on lui reproche. La foudre est tombée sur cet homme qui a été frappé seul. D’autres ont commis les mêmes fautes et sont restés indemnes.

Si on en revient à rouvrir le procès, le critère sera de comparer la production Renault à celle des autres constructeurs et on arrivera à quelque chose de très fâcheux pour tout le monde.

En fait, LEFAUCHEUX estime que pendant l’occupation chacun a travaillé selon son tempérament.

S’il y a des questions qu’il faut laisser dans le silence c’est bien celle-là. LEFAUCHEUX n’a jamais fait la moindre attaque contre L. R.

Il serait forcé d’intervenir si on met la nationalisation en cause.

Il propose qu’on ne parle pas de cet homme pendant quelques années. Plus tard, on pourra rendre hommage à sa mémoire et on verra ce qui est critiquable ou non.

Le Baron Petiet à Pierre Lefaucheux, le 12 juin 1951

Source : Archives de la CSCA, document aimablement communiqué par M. Christian Mory

CP/DP/5.219

PERSONNELLE

Mon cher Ami,

Je n’ai pris connaissance qu’à mon retour d’Hagondange de votre lettre du 8 juin et m’empresse de vous faire connaître que je suis et reste d’accord sur le premier paragraphe et la première moitié du second.

Quant à la seconde partie de ce paragraphe, je ne connaissais sur la question que ce que j’avais lu dans le compte-rendu de ce voyage que mes services m’avaient remis à leur retour, à savoir :

« A cette occasion, les journalistes posent quelques questions d’ordre général sur :

« – les exportations françaises,

« – la 2 CV Citroën,

« – la nationalisation de l’industrie automobile,

« auxquelles monsieur Panhard répond avec bonhomie et sans précision ».

Je me suis fait représenter les quelques lignes de l’Autocar du 1er juin qui ont attiré votre attention et ai demandé à Langlois s’il se rappelait quelque chose de spécial à ce sujet. Il me répond :

« La question posée par le journaliste était : Est-ce que les nationalisations doivent s’étendre dans l’industrie automobile ? Est-ce que Citroën, par exemple, sera nationalisé ? C’est à cela que monsieur Panhard a répondu que le courant n’était pas dans ce sens, au contraire. Il s’agit d’une simple fin de phrase, sans aucun commentaire, dans un ensemble de conversation d’un bon quart d’heure et le rédacteur de Autocar lui donne une importance relative qu’elle n’a pas eue en réalité ».

Je ne crois pas utile d’en parler à l’intéressé, car, à tort ou à raison, je considère que la seule conclusion qu’on puisse en tirer, c’est qu’il faut essayer de ne pas parler là où il y a des journalistes, et, comme c’est difficile, il vaut mieux ne pas lire, ou au moins ne pas s’émouvoir de ce qu’ils écrivent ; si on se mettait, en effet, à fouiller tout ce qui passe dans les journaux, il y aurait de quoi se dresser les uns contre les autres, ce qui, en tout état de cause, est à éviter.

Croyez, mon cher Ami, à mes meilleurs sentiments.

Pierre Lefaucheux au baron Petiet, le 8 juin 1951

Source : Archives de la CSCA, document aimablement communiqué par M. Christian Mory

REGIE NATIONALE DES USINES                                                                Monsieur le Baron Petiet

RENAULT                                                                                                     Président de la Chambre

BILLANCOURT (Seine)                                                                                Syndicale de l’Automobile

Le 8 Juin 1951                                                                                                        2, rue de Presbourg

LE PRESIDENT DIRECTEUR GENERAL                                                                                   PARIS

Mon cher Président,

Depuis que la Régie Renault a démissionné de la Chambre Syndicale, vous m’avez fait valoir à plusieurs reprises les inconvénients qui pouvaient résulter de la situation ainsi créée, aussi bien pour la Régie Renault, que pour l’ensemble de la profession, et vous avez amicalement insisté auprès de moi pour que notre entreprise reprenne sa place au sein de la Chambre Syndicale.

Lorsque je vous avais répondu que ces inconvénients ne m’avaient pas échappé, mais que les incidents qui avaient provoqué ma démission m’avaient semblé correspondre à l’expression d’un sentiment d’hostilité éprouvé par certains membres de la Chambre Syndicale contre notre entreprise nationalisée, vous m’avez indiqué qu’il n’en était rien à votre avis, et que je pouvais compter sur une collaboration confiante avec tous nos collègues. Quelle n’a donc pas été ma surprise en lisant dans la presse anglaise la reproduction d’une communication faite par M. Paul PANHARD, Vice Président de la Chambre Syndicale, à des journalistes anglais lors d’une récente visite à Londres. M. PANHARD n’a pas hésité, en effet, à déclarer que « la dénationalisation des Usines Renault lui paraissait comme probable ».

Je n’ai certes pas l’intention d’ouvrir une polémique sur les chances qu’a M. PANHARD de voir se réaliser l’espoir ainsi manifesté par lui, mais je tiens à vous marquer que de semblables écarts de langages ne sont certainement pas de nature à me faire modifier la position que j’ai adoptée en Octobre dernier.

Veuillez agréer, Mon cher Président, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

P. Lefaucheux

Pierre Lefaucheux au baron Petiet, le 22 décembre 1953

Source : Archives de la CSCA, document aimablement communiqué par M. Christian Mory

REGIE NATIONALE DES USINES

RENAULT

BILLANCOURT (Seine)

Le 22 Décembre 1953

LE PRESIDENT DIRECTEUR GENERAL                                                             Monsieur le Baron Petiet

                                                                                                      CHAMBRE SYNDICALE de l’Automobile

                                                                                                                                 2, rue de Presbourg

                                                                                                                                 PARIS

Mon cher Président,

Lors d’une récente conversation, vous m’avez appris qu’à la suite de dissentiments qui se sont élevés entre vous-même et certains membres de la CHAMBRE SYNDICALE de l’AUTOMOBILE, vous aviez décidé, tout en conservant la présidence de la FEDERATION et du COMITE du SALON, de donner votre démission de la présidence de la CHAMBRE SYNDICALE.

J’en ai pris acte.

Vous m’avez dit, à ce propos, combien vous déploriez que le plus important constructeur d’automobiles français restait (sic) en dehors de la CHAMBRE SYNDICALE et vous m’avez fait part de votre vif désir de voir cesser le plus rapidement possible une situation aussi anormale. Vous m’avez fait connaître que ce sentiment était partagé par la majorité de vos collègues et c’est en leur nom, comme au vôtre, que vous avez insisté auprès de moi pour que je revienne sur la position que j’avais prise en Octobre 1950.

J’ai le plaisir de vous dire combien j’ai été sensible à cette démarche, et que j’accepterai volontiers, au cas où cette position serait confirmée par un vote du Conseil de la Chambre Syndicale, que la REGIE NATIONALE des USINES RENAULT compte à nouveau parmi ses membres.

Veuillez agréer, mon cher Président, l’assurance de mes sentiments les meilleurs et les plus distingués.

P. LEFAUCHEUX