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Le Dr Dublineau au juge Martin et certificat de situation du 16 octobre 1944

Source : A.N. Z 6NL 9

Neuilly, le 16 octobre 1944

                                                                                                            Le Préfet

Hôpital psychiatrique                                                                      Directeur de l’Hôpital Psychiatrique

de Ville-Evrard                                                                                  de Ville-Evrard

Neuilly-sur-Marne                                                                          à Monsieur le Conseiller Martin

J’ai l’honneur d’appeler tout particulièrement votre attention sur le certificat de situation ci-joint, concernant M. Louis Renault.

(signé) Lesueur ( ?)

Maison spéciale de santé de Neuilly-sur-Marne,

le 16 octobre 1944

Certificat de situation

Je, soussigné, médecin en chef de la Maison de Santé de Neuilly-sur-Marne, certifie que le nommé Renault, Louis… entré le 5 octobre pour un état d’affaiblissement artériopathique, avec troubles neurologiques divers, présente depuis le 12 octobre des troubles de la miction, qui ont été en s’accentuant progressivement, et présente actuellement les caractères d’une rétention incomplète aiguë – Sang dans les urines (urée dans le sang 0 g.30).

Un spécialiste des voies urinaires, appelé le 14 octobre en consultation, a constaté le caractère aigu des troubles et conseillé le placement dans un centre chirurgical, aux fins de surveillance et éventuellement d’intervention.

Le praticien, revenu ce jour à 9 heures, a sondé le malade, confirmé son diagnostic et constaté une aggravation manifeste de l’état local et général.

Dans ces conditions, il apparaît assurément nécessaire, soit à provoquer une expertise d’urgence, soit, si cette dernière devait tarder, de demander sans en attendre le résultat le transfert de l’intéressé dans un centre approprié à son état.

Dr Dublineau

H. T*** à M. le Ministre de la Justice, 30 septembre 1944

Source : A.N. Z 6NL 9

Parquet                                                                                                                      Le Procureur Général

De la Cour d’Appel                                                                   A M. Le Commissaire du Gouvernement

De Paris                                                                                    Près la Cour de Justice

                                                                                                  Section de la Seine

Pour faire suite à mes communications précédentes concernant monsieur Louis Renault, directeur des Usines Renault à Boulogne sur Seine, je vous transmets, sous ce pli, à toutes fins utiles, une lettre du nommé T*** demeurant à Paris, qui m’a été adressée par M. le Garde des Sceaux.

Le Procureur Général

Signature illisible

Monsieur le ministre,

Je crois de mon devoir de vous faire savoir que dans l’usine Thomson-Houston à laquelle je suis attaché depuis une dizaine d’années, j’ai eu l’occasion « d’enregistrer », il y a 7 ou 8 mois, la déclaration suivante au sujet de Louis Renault. Déclaration faite par un brave garçon ex valet de chambre, dont la femme travaille chez Renault comme cuisinière depuis des années.

L’hôtel particulier de Renault s’étant trouvé occupé par la Gestapo, Renault écrivit une lettre personnelle à Hitler, lequel donna des ordres, car Stupnagel vint un jour se rendre compte des dégâts, puis l’hôtel fut rendu à Renault ; c’est ce brave ex valet de chambre qui fit « les honneurs »… à Stupnagel lors de sa visite.

Ce renseignement est peu important cependant il peut être éventuellement être utile.

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, à mes sentiments respectueusement dévoués.

G. C*** Au juge Martin, Le Pecq, le 1er Novembre 1944

Source : A.N. Z 6NL 9

Affaire Louis Renault

Monsieur le Juge,

Ancien Ingénieur de M. Louis Renault, appelé du front de 1914 pour réorganiser son usine, je m’occupais, en plus de mon travail des œuvres sociales dont je devins le Vice-Président, Président du Club Olympique des Usines Renault, Président fondateur des Groupements artistiques, Administrateur-fondateur de la Coopérative pharmaceutique et médicale. Je m’occupais aussi d’autres groupements (pendant 5 ans ½).

A cause de cela et parce que M. L. Renault pensait qu’il n’y avait rien à faire avec l’ouvrier, je fus déconsidéré à ses yeux et, après 5 ans, remercié.

Entre temps, considéré comme un idéaliste, je fus peu payé malgré une grosse amélioration de rendement reconnue publiquement dans une conférence faite par M. Richet, premier collaborateur de M. L. Renault. Cependant, je fis faire une modification de fabrication de soupapes qui rapporta de 5 à 6 millions d’économies annuelles. Je n’en reçu ni un sou, ni un remerciement.

Maintenant, âgé de 64 ans, mais plus que jamais désireux de faire une grande œuvre sociale, d’éducation populaire, étant donné mon expérience et les circonstances présentes je voudrais savoir si, après explications complémentaires, une part des bénéfices de M. L. Renault pouvait être affectée à une œuvre (bénéfices résultant du commerce avec l’ennemi (…)